Je suis de ces filles qui ont eu la chance de vivre dans un palais de verre. Un palais grandiose, lumineux, rempli d’amour de mes parents. Dans le royaume de ma vie, il y a quelqu’un qui garde le fort depuis ma naissance, mon papa.
Papa, je ne sais pas comment maman a fait pour déceler en toi la bonté, l’image d’un bon conjoint et d’un bon père parmi les chevaliers. Peut-être a-t-elle seulement été chanceuse à la loterie de la vie? Quand je regarde les hommes de ta famille, un homme bon n’est peut-être pas une exception après tout… pourquoi alors, cela me semble si difficile à trouver? Mon royaume est-il si grandiose qu’ils n’osent pas s’y aventurer? Ou est-ce moi qui n’y laisse pas entrer les bons chevaliers?
Papa, tu m’as montré la beauté et la solidité d’un amour entre la reine et le roi. Prendre soin de l’autre sans jamais s’oublier. Cette complicité qui s’agrandit au fil des saisons, au rythme de la sagesse. Des regards rieurs, une main sécurisante pour avancer même par un épais brouillard et une épaule invitante sur laquelle se reposer, voilà qui semble si simple, mais si difficile à trouver. Je rêve papa, peut-être trop… et le retour est parfois un peu brutal. Mais je rêve de ces bras qui sauront m’apaiser et me retenir sur place.
Papa, tu m’as appris à le construire ce palais, pierre par pierre. Tu m’as montré à manier le marteau pour que je sois capable de solidifier mes murs et réparer les fissures. Tu as voulu faire de moi une femme autonome pour que je sois capable de me débrouiller seule. Je peux le faire papa, mais un palais sans l’amour d’un homme est parfois si vide, si grand que je m’y perds un peu.
Papa, tu as fait de moi une guerrière, une battante. Tomber n’était pas une faiblesse, mais bien un apprentissage afin de mieux se relever. Et tu m’as transmis la plus grande arme contre le mal : l’humour. Cette autodérision nous permet de rire de nous, de rire des autres, de rire de tout.Tu m’as permis d’avoir des peines et toi, d’avoir les tiennes. Mais aucun obstacle n’arrivera jamais à bout de notre bonheur de vivre. Ce privilège que tu ne prends jamais pour acquis. La bonté de notre armure étant plus forte que tout, parfois même plus forte que nous. Et dans notre royaume, quand quelqu’un a un genou par terre, les autres s’en approchent et mettent leurs armures devant, le protégeant le temps de souffler un peu.
Mon royaume vibre papa, il résonne au son de la musique dont tu ne peux te passer (et moi non plus d’ailleurs) et qui accompagne mes journées. À travers la musique, je vois ma vie ainsi que plein de beaux souvenirs. La musique de ton temps et celle du mien m’offrent un joli bouquet de saveurs et d’odeurs apaisantes. Ces fleurs musicales qui ornent mon jardin et colorent mon paysage.
Papa, sache qu’aucun homme ne sera plus important dans ma vie que tu peux l’être. Chaque minute que tu as passée à mes côtés depuis ma naissance, me remplit de joie et illumine mon royaume. C’est toi, papa, qui m’a montré la valeur que je pouvais avoir à tes yeux, cette même valeur que je recherche dans les yeux d’un autre homme. Ta tendresse et tes gestes envers moi et ma sœur ont toujours été empreints d’amour et d’affection. Tu m’as montré ce qu’un homme devait être pour régner dans mon royaume : tendre, affectueux, respectueux, aimant, sensible, fonceur et déterminé.
Mon palais reluit papa, mais il est de verre… Tu m’as montré le beau côté du genre masculin et la vie s’est chargée de me montrer l’autre. Et chaque fois qu’un homme me blessait, tu as toujours été là pour moi, empêchant mes murs de s’effriter. Ta présence rassurante tout au long de ma vie me donne espoir de rencontrer un homme à qui tu pourras passer le flambeau pour enfin te reposer.
Papa, je nous le souhaite.
Mais en attendant, je peux le crier haut et fort du haut de ma tour, le plus fort, c’est toi, papa.
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