On était plusieurs enceintes en même temps, on a toutes mené notre grossesse à terme. On a vécu neuf mois dans l’attente de donner la vie, mais toi, quand tu es arrivée à l’hôpital, avide de rencontrer ton bébé, la chair de ta chair, le petit être le plus précieux à tes yeux, la vie t’a sacré une méchante claque dans la face. Parce que toi, tu n’as pas eu la chance de quitter la maternité avec ton ange. Tu es rentrée à la maison les bras aussi vides que ton cœur.
J’aurais voulu prendre un peu de ta douleur, mais ce n’était pas possible. J’aurais voulu trouver les mots pour te réconforter, mais ces mots-là n’existent pas.
Tu vis un deuil plus vrai que nature. Tu as vécu au rythme de ton bébé qui grandissait en toi pendant plusieurs mois. Comment pourrait-il ne pas te manquer ?
Je voulais te dire que tu as le droit d’être fâchée, d’en vouloir à la vie, de trouver que c’est injuste, de vouloir fuir, de te cacher pour pleurer, de boire ton dixième Mojito, de partir en vacances, d’avoir envie de courir quand tu croises un panier d’épicerie rempli de couches. Mais, tu as surtout le droit à la joie sous toutes ses formes. Chaque jour, je te vois revendiquer ton droit au bonheur, et je ne doute pas que ça demande une force de caractère indescriptible pour y arriver. Pour chercher à l’atteindre à nouveau.
J’ai l’impression qu’on évolue dans une société où la compétition est présente partout, même dans le deuil. Comme si pour avoir la permission d’être à terre, il y avait des critères à respecter. On finit par croire qu’il y a des petits deuils, que certaines peines sont plus faciles à guérir que d’autres. Pourtant, le deuil demeure l’étape qui suit une perte et cette perte-là peut prendre plusieurs formes qui se valent toutes.
À toi, aujourd’hui touchée par le deuil périnatal, tu es incroyablement forte de te lever chaque matin Même si la montagne de la guérison semble impossible à gravir, tu vas en voir le sommet, je te le promets. Il y aura toujours quelqu’un pour te pousser un peu plus haut quand tu manqueras de force. Accepte toutes les mains qui se tendront vers toi; elles ne sont pas là par pitié, elles sont là parce que tu as beaucoup plus d’importance que tu ne le crois. Accorde-toi la permission de vivre cette épreuve à ta manière, de prendre tout le temps dont tu as besoin.
Ta vie t’appartient, peu importe ce que les autres peuvent en penser.
Je souhaitais te remercier infiniment pour cette lettre ouverte à toute les mamanges…. Cette douleur accablante nous éponges parfois tout espoir. Mais comme tu le dis très bien certaine main tendu, certaines attentions comme la tienne nous pousse un petit peu. J’ai rarement lu des mots qui traduisent aussi bien ce que l’on peu ressentir. Je t’en remercie encore.