À toi, mon amie infertile,
Si tu savais comme je partage ta peine, ton désespoir et ta rage de vivre en ce moment. Tu ne peux t’imaginer toute l’empathie que j’ai pour toi.
Après les premiers tests, la spécialiste au planning des naissances t’a annoncé le verdict sans grande délicatesse et ça t’a heurtée. Elle a commencé par annoncer à ton conjoint que, chez lui, tout est parfait. Tu l’as vu son sourire en coin et je comprends que cela t’aie un peu blessée. Il ne l’a pas fait exprès tu sais? Il a sûrement juste eu du mal à camoufler son soulagement. Ne lui en veux pas.
En revanche, tu as compris que c’est toi le «problème» et ça a dû te faire l’effet d’une tonne de briques. Les pensées ont dû se bousculer dans ta tête : «Va-t-il rester avec moi? Est-ce que les traitements fonctionneront? Jusqu’où suis-je prête à aller pour avoir un enfant de nous? Et si ça n’arrive jamais?»
Ce moment vient avec beaucoup d’affliction et un énorme sentiment de colère et d’injustice. Tu sais quoi? Tu dois te permettre de le vivre à fond. Évacue tout ce négatif parce que tu vas avoir besoin de toute ton énergie pour la suite.
Le plus important dans ce qui s’en vient ma belle, c’est la communication avec ton homme. Il doit savoir comment tu te sens. Il doit connaître l’impact que les traitements ont sur ton corps, sur ta tête. Tu te dois de lui nommer tes limites et de connaître les siennes. C’est ce qui vous aidera à passer au travers de ce processus.
Tu en auras des effets secondaires. Tu en auras des malaises, des désagréments. Si tu ne les lui partages pas, il ne sera pas en mesure de t’appuyer et de t’encourager comme tu t’y attendrais. Si tu ne lui dis pas que tu es à bout, comment veux-tu qu’il le sache?
Le meilleur conseil que l’on m’avait donné était de prendre une pause si on sentait que le processus commençait à devenir trop lourd pour notre couple. Tu sais quoi, j’ai rejeté ce conseil en me disant que ça ne devait pas être si pire que cela. Sauf qu’un beau jour, j’ai compris que mon couple se divisait et que j’avais un urgent besoin de me réapproprier mon corps. Nous avons choisi de tout arrêter et ça a été notre meilleure décision. Poursuivre aurait mis fin à notre couple qui, pourtant, avait connu bien pire.
Prends soin de toi ma belle amie. Prends soin de lui aussi. Cet enfant-là mérite d’avoir les parents que vous serez, mais aussi des parents forts qui forment une équipe du tonnerre.
Tu sais, tu en entendras des commentaires sur la maternité. Des mamans qui te confieront à quel point elles trouvent cela difficile. Tu sourcilleras à chaque fois, mais tu relativiseras leurs propos en te rappelant que personne n’a dit qu’avoir un enfant est une partie de plaisir. Que même si on ventile un trop-plein de petits irritants de la maternité, l’amour que ces parents-là ont pour leurs enfants est aussi pure que celui que tu voueras au tien.
Lorsque la chance vous sourira enfin, permets-toi de nommer, toi aussi, ce que tu aimes moins de ta maternité. Ne camoufle pas tes ressentis parce que les gens osent te dire que tu devrais t’estimer chanceuse d’avoir réussi à tomber enceinte et à avoir ce petit miracle de la vie. La grossesse ne sera peut-être pas un moment des plus agréables pour toi et tu auras le droit de le dire. Ton enfant ne fait pas ses nuits et tu es épuisée, ne te censure pas. La période des dents est un véritable enfer pour ton homme et toi, tu auras raison de dire que vous trouvez cela difficile. Parce qu’au fond de toi, tu la connais la chance d’être mère, mais tu sais aussi que la vie, ce n’est pas qu’une suite d’événements des plus parfaits.
Ton trésor sera, j’en suis certaine, un des enfants les plus aimés de notre monde. Il aura été désiré plus que tout et saura vous combler de bonheur dans les bonnes comme dans les mauvaises passes. Ne doute jamais de ta capacité à être une mère aimante. Je le sais que tu as tout ce qu’il faut en toi pour être une mère formidable. Il te faut juste un peu plus de temps que certaines, mais ne perds pas espoir, un jour, ce sera aussi à ton tour.
D’ici là, sache que je suis là pour t’accueillir sans jugement dans tout ce que tu vis.
Je suis là pour toi mon amie!
ANNIE CHAMASS |
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