Cher élu de mon cœur,
Ça va faire bientôt quatre ans que nous sommes parents. Quatre belles années de bonheur – quatre ans et neuf mois si on compte notre grossesse. J’ai bien dit NOTRE grossesse, parce que toi aussi, tu as engraissé de cinquante livres sauf que tu n’as pas encore accouché, toi. Si la tendance se maintient, on aura un mosus de gros bébé. C’est quand la date prévue, déjà?
Mais, t’sais, je ne t’en veux pas. Comme tu t’évertues à me le rappeler si souvent, c’est par altruisme que tu as amplifié tes poignées d’amour. Car force est d’admettre que, côté horizontal, on a été plutôt inactifs pendant les quarante semaines pré-accouchement (le mien, évidemment). Un tout-petit-bébé-en-devenir, il fallait protéger ça. Ça, pis mon précieux sommeil. Par conséquent, ton exercice de Kamasutra quotidien te permettant de dépenser au minimum tes trois Oreo ingérés au déjeuner a subitement été retiré de ton agenda. Comme c’est 100% de ma faute, je te pardonne.
En tant qu’amatrice de sports extrêmes, tel le jogging, le trampoline et le ski alpin, j’ai dû, pendant neuf longs mois, remplacer le tout par la marche-à-la-tortue, le yoga et la télé (karaoké quand je me sentais wild). Toi, Ô pauvre de toi!, tu étais submergé d’une immense vague d’empathie à l’idée de pratiquer nos activités d’antan de façon autonome ou avec tes chums de gars. Par conséquent, tu as fait le choix qui te semblait d’une évidence même : me tenir la main pendant mon Carême, me supporter et ralentir ta cadence de superhéros. Mille mercis, mon chéri.
Quant aux rénovations déjà entamées, tu as eu pitié de moi quand tu as appris de par les Zinternets que je ne pouvais respirer les vapeurs de peinture, ni transporter de lourdes charges pendant ma convalescence de maman-en-devenir. Comme il te semblait avoir juré (avec ton sang, pis la bave, pis toute) qu’on partagerait ce doux périple des améliorations locatives ensemble, il t’a paru inhumain de redoubler d’efforts et de prendre l’odieux d’assumer la totalité de cette aventure (ma foi, des plus enrichissantes!) seul. Encore une fois, tu as ralenti le rythme, pour ta famille. Les larmes aux yeux, j’ai même accueilli la nouvelle avec une bière emballée spécialement pour l’occasion.
Et quand mes amies les hormones se sont mises à danser la lambada sur un rythme de Rammstein saupoudré de Diane Dufresne, tu as eu carrément peur. Pour ma santé mentale et la santé physique de notre bébé, tu as renoncé à tes rares sorties hebdomadaires. Silencieux, compatissant, apaisant, tu t’es vautré dans notre désormais-trop-creux-divan, pop-corn, chips, cornichons au Cheez Whiz à la main (ou un savant mélange de tout cela), accueillant mes trop-pleins d’émotions et la trâlée de claques qui venaient parfois en combo avec. Tel un punching bag bienveillant, tu as accueilli mes relents émotionnels avec indulgence. Pour cela, je t’en serai éternellement reconnaissante.
Aujourd’hui, avec le recul, je comprends que tu as agi avec ton grand cœur. Pendant neuf longs mois, tu avais une panoplie de raisons de faire valoir ton empathie légendaire – d’excellentes raisons, je ne m’y méprends pas! Chaque livre emmagasinée était synonyme de compréhension, d’amour et d’altruisme. Je me dis par contre, qu’après tant d’années à te regarder avec ta grossesse sympathique qui n’en finit plus, que tu serais dû pour accoucher… ou en faire un deuxième?
LYSIANE BEAUBIEN |
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