Je t’écris pour te dire que je te comprends. Que tu n’es pas lâche. Je sais que tu as disséqué la question dans tous les sens possibles et inimaginables pendant des mois. Que tu en as fait des tranches si fines qu’elles se sont mises à glisser entre tes doigts. Que tu t’es sentie perdue devant tous ces lambeaux de questions sans réponses qui se multipliaient, faisant de toute ta vie la plus grande des incertitudes.
Toi qui l’avais pourtant réglée au quart de tour. De la naissance de ton premier jusqu’à la retraite. Toi qui aimais tant ta famille et qui en étais si fière. Cette famille pour qui rien ne comptait plus que d’être ensemble. Jusqu’à il y a quelques mois. Quand quelque chose s’est brisé. En fait, ça s’est cassé. Comme une coquille qui fendillait de part et d’autre depuis longtemps. Ce n’est pas ta faute. Ce n’est la faute de personne. C’est la faute de tout le monde. Tout le monde qui laisse aller les choses d’abord par fatigue ou par lâcheté, « juste pour une fois ». Puis par habitude. Effaçant les petits gestes qui font pétiller les yeux les uns après les autres. Avec la routine. Avec le temps. Ce n’était pas de la mauvaise foi. Vous vous êtes pris pour acquis. Puis vous avez commencé à oublier de vous aimer. Jusqu’à l’irréversible. Du moins tu le penses. Tu n’es pas certaine.
Mais tu n’en peux plus. Tu n’es plus heureuse. Même si tu crains de l’être encore moins le jour où tu la quitteras. Cette famille avec qui tu voulais passer toute ta vie et qui porte désormais le regard malheureux de ton fils posé sur ta valise. Comme si tu l’abandonnais. Tu ne sais pas comment tu pourras vivre sans lui. C’est ce qui te retenait. Mais c’est trop tard. Malgré le soleil qui brille à travers les larmes qui perlent sur les joues de celui que tu as tant aimé, avec qui tu as tout partagé et à qui tu viens de dire « Je ne t’aime plus ». Celui qui murmure qu’il faut vous donner une dernière chance, abattu sur le plancher du salon.
Malgré ta culpabilité, malgré ton cœur brisé, tu respires un grand coup pour te souvenir du parfum des jours heureux qui ont été vécus là. Puis l’air froid de l’hiver s’engouffre dans la maison. Faisant frissonner ceux qui t’aiment et qui s’y trouvent toujours. Tu n’y crois pas. C’est irréel.
Je sais que ce n’est pas un coup de tête. Ça fait trop mal pour en être un. Ceux qui pensent que tu fais une erreur ne te connaissent pas. On ne décide pas de partir par erreur.
Je t’écris pour te dire que ça va aller. Même si la coquille est cassée. Que les gens qui t’aiment ne souffriront pas toujours. Qu’ils trouveront leur équilibre comme tu cherches désespérément le tien. Qu’un jour tout près, vous retrouverez tous la voie du bonheur. Parce que le temps ne fait pas que casser les coquilles, il permet aussi d’en construire de nouvelles. Plus fortes et plus belles. À l’épreuve du vent et du temps qui passe.
LA COLLABORATRICE DANS L’OMBRE |
Oh que j’avais besoin de lire ceci. Merci.
Merci ?
Je te remercie pour ce texte. Cette vérité que je vis à chaque seconde. C’est ma dernière soirée. . Ici dans cette maison avec cette famille qu’on a construit et aimé.. j’avoue que je ne sais plus. Mais je dois partir et respirer. C’est difficile mais je le fait pour être meilleure et montrer à mes enfants qu’il est possible d’être heureux. Sincèrement Merci. Je ne suis plus seule.
Quand tu pleure ta vie en lisant un texte !! C’est que sa te parle ?