Toutes les fratries sont différentes. Certaines ne sont composées que de garçons, d’autres que de filles et d’autres de garçons et de filles. Certaines sont composées d’enfants d’une grande différence d’âge, tandis que d’autres le sont d’âges rapprochés. Parfois, les petits qui la composent ont les cheveux bruns, noirs, blonds ou roux. Parfois ils sont jumeaux identiques et parfois non identiques. Certains sont grands et d’autres sont petits. Mais vous, c’est différent. Vous n’avez pas le même sang, pas le même papa, ni la même couleur de peau. Mais vous recevez le même amour de votre même maman.
Ma grande fille. Tu es encore trop petite pour exprimer tes émotions et tes désirs et c’est pourquoi je t’écris aujourd’hui. Parce que quand tu seras plus grande, je n’aurai peut-être pas le courage de tout t’expliquer sans verser une larme. Parce que oui, les mamans, ça pleure aussi. Oh si tu savais comme ça pleure. Parfois, je m’ennuie de toi et je pleure. Je pleure lorsque je t’imagine avoir du plaisir avec papa sans moi. Je pleure que tu aies à changer de maison et d’amis chaque semaine. Je pleure lorsque je te vois quitter avec papa et que tu donnes un bisou à ton frère qui lui, reste avec maman. Je pleure lorsque j’imagine la copine de papa te donner ton bain. Je pleure parce que quand papa vient te chercher, tu lui sautes au cou et tu pars sans te retourner. Je pleure parce que je me trouve égoïste. Je pleure lorsque je vais te chercher et que tu m’agrippes comme si je t’avais abandonnée si longtemps. Je pleure quand je joue avec ton petit frère et que tu n’es pas là pour le faire rire. Je pleure parce que tu ne nous accompagnes plus à toutes nos sorties familiales. Je pleure de ne pas avoir pu te donner de milieu stable.
Parfois, je pense à l’avenir et je pleure encore. Je pleure en pensant qu’un jour tu m’accuseras probablement de te laisser aller chez papa en gardant ton frère à la maison. Je pleure en pensant que dans quelques années, tu devras probablement voir ton papa une fin de semaine sur deux et que la coupure sera déchirante. Je pleure lorsque je t’imagine te fâcher après moi et me demander d’aller chez papa. Je pleure en sachant qu’un jour tu vas me demander pourquoi ton frère ne part jamais et je ne saurai comment te l’expliquer sans avoir la gorge serrée.
Ma grande fille, même si tu passes la moitié de ton temps chez papa, même si ton petit frère passe plus d’heures avec maman que toi, même si je te laisse partir à chaque semaine sans te retenir, même si notre temps de qualité est court, sache que je t’aime et t’aimerai toujours. Mon amour pour toi ne se calcule pas en fonction des jours passés en ta présence. Mon amour pour toi restera toujours le même qu’au premier jour. Tu sais, cet amour qu’on appelle le coup de foudre. Celui qui m’a frappé en cette chaude journée d’été. Celui qui est indestructible. Celui qui augmente jour après jour.
Ma chérie, mon trésor, ma petite coquine, ma face de crabe, ma pitchounette, ma cocotte, ma puce, mon amour, mon paillaso, ma fille, je t’aime.
Mon petit garçon. Je pleure lorsque tu te retrouves seul pour jouer. Je pleure lorsque quelqu’un me demande où est ta sœur avant de te dire bonjour. Je pleure lorsque je te fais garder pour sortir alors que je ne sors jamais lorsque ta sœur est à la maison. Je pleure lorsqu’au souper, tu cherches le rire complice de ta sœur dans sa chaise vide. Je pleure en pensant au jour où tu me demanderas pourquoi ta sœur ne vient pas avec nous. Je pleure en me disant qu’un jour, tu me demanderas pourquoi ta sœur n’appelle pas papa « papa ». Je pleurerai le jour où tu me demanderas pourquoi ta soeur doit encore partir et je ne saurai comment te répondre sans avoir la gorge serrée.
Mon petit homme, mon tocson, ma grosse patate, mon petit tough, ma face de crabe, mon garçon, je t’aime.
Mes enfants, plus souvent, je souris. Je souris de vous voir si unis. Je souris de vous voir vous épanouir jour après jour. Je souris devant vos jeux à deux. Je souris à la belle famille si unique que nous formons.
Mes enfants, je vous aime dans toute l’imperfection de notre famille.
LA COLLABORATRICE DANS L’OMBRE |
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