Tu étais amarrée depuis quelques années à une magnifique île. Mais, au fil des ans, le paysage de ton paradis s’est transformé et tu ne t’y retrouvais plus. Tu étais malheureuse, fille, tellement malheureuse. Pour conserver ce qu’il te restait de santé physique et mentale, tu as pris ton courage à deux mains, tu as embarqué tes enfants sur ton bateau et tu as levé l’ancre.
Tu as espoir qu’une île ensoleillée et calme t’attende quelque part. Tu la vois dans ta tête, même si tu ne sais pas où elle se trouve. Tu y as rêvé depuis si longtemps maintenant que cette image te garde en vie. Le voyage ne sera pas de tout repos et tu le sais. Mais tu devais le faire avant de couler droit au fond.
Tu sais, ton chemin en mer sera houleux, tu auras besoin d’avoir le cœur solide car il sera mis à rude épreuve. Sans compter les petits cœurs de tes enfants si fragiles mais si forts. Aussi forts que les vagues qui tenteront de te faire dévier de ta route.
Il y aura des journées de brouillard, où tu ne sauras même plus vers où tu te diriges. Mais garde en tête que le soleil est toujours là, même s’il est caché par des nuages. Même si tu n’y vois plus clair, pense à l’île calme que tu cherches et garde tes deux mains sur le gouvernail. Tes jointures blanchiront à la force de ta détermination pour garder ton bateau dans la bonne direction.
Parfois, un rayon de soleil filtrera à travers la grisaille et te redonnera espoir. Laisse ces rayons caresser ton visage et emmagasine toute l’énergie qu’ils peuvent t’apporter pour t’aider à continuer.
Car des journées de fort vent se succéderont et tu devras aller chercher au fond de ton ventre la dernière parcelle de force qu’il te reste pour sauver tes petits matelots et toi.
La pluie embrouillera ton esprit ainsi que ta vision mais les nuages doivent décharger leurs torrents pour pouvoir laisser place au soleil. Alors, laisse la pluie caresser tes joues et harmonise-la avec ta propre douleur pour la laisser s’échapper.
Quand tout le chemin sera parcouru et que tu pourras enfin apercevoir la cime des arbres et la plage au loin, tu pourras enfin souffler. Tu vas y arriver, fille, fais confiance à la vie même si tu penses qu’elle s’est acharnée sur toi. En fait, elle voulait peut-être simplement t’entraîner pour que tu sois capable de faire ce grand voyage vers le bonheur.
Le jour viendra où tu pourras enfin mettre tes pieds dans le sable chaud et t’y prélasser avec tes enfants. Tu pourras amarrer et reconstruire ton bonheur.
Prends tes enfants par la main et sois fière de leur montrer le beau paysage que tu voulais pour eux, pour toi. Ce paysage d’une maman souriante et heureuse. Ils verront alors que ce voyage n’était pas en vain.
CAROLINE MATHIEU |
Laisser un commentaire