On ne le dira jamais assez : c’est primordial d’avoir une vie équilibrée. Et ici, je ne parle pas seulement de ce qui se retrouve dans ton assiette à chaque repas. Je suis désolée de t’apprendre qu’une routine bien balancée, même au quart de tour, n’a rien d’équilibrée si la maman que tu es ne voit aucun autre humain que ses rejetons et son conjoint. Tu dois te retrouver en tant que femme, avec un loisir, une passion, un sport – peu importe. Et prends garde : fais-le seule, avec- pas-de-chum. C’est la règle #1.
Je ne sais pas si tu es comme moi, mais je trouve que la maternité, c’est merveilleux. Par contre, je te jure que les quatre murs de mon salon, à force de les voir, sept jours sur sept et presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre, semblaient véritablement se resserrer sur moi, tel un étau rouillé sorti tout droit de mes cours d’Initiation à la Technologie en secondaire trois. J’ai eu beau choisir le vert le plus apaisant de la palette Sico, mon regard ne voulait plus s’y poser. Genre pas pantoute. Disons qu’après deux ans et demi, la couleur de ma peau commençait dangereusement à ressembler audit vert Matin d’Irlande.
Pleine de bonne volonté et de goût de faire le plein de moi-même une fois par semaine, j’ai ouvert, en ce beau jour d’août, le fameux cahier des loisirs de mon quartier. J’ai fermé les yeux quelques-pas-mal de minutes afin de me demander ce que j’avais vraiment le goût de le faire. Pour vrai. Seule. Ça me prenait quelque chose pour lequel le papa n’avait aucun intérêt/zéro capacité, question que ça demeure MON moment, qu’il n’ait jamais (Ô grand jamais!) le goût de m’y rejoindre.
Pendant mes cours de yoga postnatal, j’ai appris à respirer. À connecter avec mon moi intérieur. Mais honnêtement, le hamster vivant dans mon cerveau n’arrêtait pas de tourner. Je pensais aux cinquante-huit choses que je devrais faire après ledit cours de yoga. Nombre qui diminuait en termes de possibilité d’exécution plus le cours se prolongeait. (Parce qu’à force de faire des aooouuum et de connecter avec toutes les participantes, la prof perdait souvent un tantinet la notion du temps.)
Mon cerveau, le tien aussi j’en suis convaincue, a besoin de se mettre à OFF une fois de temps en temps. De chasser tous les petits tracas de la semaine, de la routine du boulot et de la vie de maman.
Ne serait-ce que quelques heures par semaine. Et la seule façon d’y arriver est de se concentrer sur une autre chose – un loisir qui nous appartient. En ce qui me concerne, ç’a été le chant. Me concentrer sur des notes, des tempos, des paroles, des mélodies – ça me demandait tout mon petit jus et je D-É-C-R-O-C-H-A-I-S.
Contrairement à ce que les mauvaises langues racontent, c’est loin d’être égoïste que d’avoir un passe-temps, un loisir, une passion. Au contraire. Ton rôle de maman va toujours t’attendre, et tes petits vont avoir le bonheur de pouvoir profiter d’une maman ressourcée. Fait que quoi que les gens puissent en penser, je préfère (et de loin!) faire l’épicerie en vitesse, laisser les paniers de linge propre pas plié traîner trois jours et dormir une heure de moins par jour.
Je suis prête à couper à bien des endroits. Mais touche pas à MON loisir.
LYSIANE BEAUBIEN |
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