Je crois détenir le titre de la mère d’enfants ayant essayé le plus de sports variés possible.
N’ayant pas pratiqué beaucoup de sports dans ma vie, et ayant un mari sportif, nous voulions que nos enfants pratiquent obligatoirement un sport, quel qu’il soit, et ce afin qu’ils soient actifs, qu’ils rencontrent de nouveaux amis et qu’ils développent un esprit d’équipe.
À mon premier, j’ai commencé par inscrire Fiston à de la gymnastique pour tout-petits. Nous avons vite constaté que son seul intérêt était la collation entre deux paliers. Il aura fait une session.
Puis, j’ai inscrit mon garçon au soccer, mais celui-ci était l’enfant, sur le terrain, qui courait après les papillons. J’ai alors repris ma tasse thermos et ma chaise pliante sous mon bras que j’ai rangée au fond du cabanon.
Le hockey n’a pas été plus glorieux, mon fils a fait trois pratiques avant d’abandonner en ne sachant même pas patiner. J’ai alors donné tout le nouveau stock à ma sœur qui a enfanté une équipe de hockey. Mais j’ai (honteusement) secrètement jubilé ne pas avoir à me taper les arénas le samedi matin pendant plusieurs années.
Puis, je l’ai inscrit au karaté en me disant que ce sport, individuel, saurait mieux lui convenir. L’espoir a relui pendant un temps puisqu’il a tout de même fait deux ans et s’est rendu deux ceintures près de la ceinture noire. Mais quand les combats ont commencé, cela lui demandait trop d’efforts et de concentration, alors il a abandonné.
Finalement, est venu le tennis. Il a adoré y jouer, mais dès qu’il a dû changer d’entraîneur, il a pris peur.
C’est alors que j’ai abandonné la bataille avec mon fils, découragée en regardant mes sœurs et amis envahir les estrades, arénas et palestres sportives.
Quand à ma fille, à quatre ans, le premier cours de ballet a été catastrophique; elle a pleuré tout le long et s’est pendue à moi comme si sa vie en dépendait.
Elle a fait deux ans de natation, mais y a par la suite perdu l’intérêt. Son entraîneur et le reste du groupe ont, quant à eux, été soulagés parce qu’elle était la tannante qui passait le cours à déranger.
Elle a suivi des cours de karaté, mais malgré son talent, elle n’a pas vraiment aimé.
Elle a bifurqué vers le patinage artistique, mais clairement, elle réalisait mon rêve et non le sien. Elle en a fait pendant deux ans et dès qu’elle a su patiner confortablement, elle a dit ne plus vouloir continuer.
Puis finalement, comme dernière tentative, elle a tenté la gymnastique non sportive. Mais comme elle était âgée de neuf ans, elle n’a pu faire qu’une année.
J’ai donc aussi fait une croix sur cette enfant-là.
Même s’ils étaient actifs et toujours prêts à faire des activités, pendant deux ans, je me suis demandé pourquoi aucun sport ne leur convenait et ne stimulait leur intérêt. J’ai alors dû faire mon deuil et j’ai décidé d’accepter que mes enfant ne seraient pas des sportifs. Qu’il ne servait à rien pour moi, de tenter de les pousser, comme leur amis ou cousins, à faire des sports à tout prix.
Puis, lentement, leurs intérêts artistiques ont commencé à se développer. Fiston s’est mis à faire des scénarios, des vidéos et des chansons. Il a créé sa chaîne YouTube et s’est intéressé à la réalisation. Finalement, il a appris à jouer de quatre instruments de musique différents en un an.
Notre fille, quant à elle, a découvert que le lip-sync et les chorégraphies répondaient à un certain intérêt de sa part. Elle s’est mise à la création de bracelets, de pâte Fimo, de colliers et de scrapbooking. Puis, s’est jointe à une agence de casting. Elle s’est mise à cuisiner, faire du scoutisme et s’est révélée une leader née. Puis, élargissant ses champs d’intérêts, elle s’est mise à danser et à chanter.
Notre famille fait partie d’une minorité, j’en conviens.
N’y trônent pas de trophées de hockey, de médailles récoltées à une compétition de karaté. Nous n’alimentons pas nos conversations d’anecdotes de tournois, de combien de buts ont été comptés, du prix de l’équipement sportif de nos enfants ou de leur grand talent à courir rapidement ou à nager.
Chez nous, il y a du bruit, beaucoup de bruit. De la musique, en premier lieu, d’instruments qui jouent toujours en sourdine : batterie, basse, guitare et ukulélé.
Chez nous, on chante et on rit, on danse souvent sans raison et on jam par passion. On prend des photos, on se filme en jouant plusieurs rôles, on met sur papier nos émotions quitte à en faire un poème ou une chanson, on s’inspire de tutoriels et on cuisine.
Et quand le silence s’installe, nous l’apprécions doublement.
Non, je n’ai pas des enfants qui pratiquent un sport, mais quand j’entends et que je constate l’harmonie de la symphonie de tous leurs intérêts mis ensemble, je me dis que notre maison respire le bonheur et qu’aucun sport quel qu’il soit, ne nous permettrait de partager ensemble ces moments qui seront nos souvenirs de demain.
JULIE DUCASSE |
Laisser un commentaire