J’te jure, j’ai pas fait exprès. J’ai pas fait exprès de te mettre au monde un peu trop tôt. J’ai vraiment fait attention. J’sais pas trop où j’ai échoué, mais je m’en excuse sincèrement. J’ai pas réussi à te rendre à trente-sept semaines.
Mon amour, tu es ce qu’on appelle un prématuré, pas un grand prématuré, juste un peu trop de bonne heure. T’étais pressé, faut croire.
Je dois t’avouer que ta naissance, je ne m’en rappelle pas. Tout a été si rapide et je comprenais pas ce qui nous arrivait. Mais les jours suivants eux, je ne peux pas les oublier. Quand on m’a annoncé que je devais partir sans toi, mon monde s’est effondré. La peur, l’angoisse, la culpabilité. Et tout ça, je le ressens encore aujourd’hui.
Mon amour, tu as passé plusieurs jours à la pouponnière, entouré d’autres bébés comme toi, qui s’étaient pointé le bout du nez un peu trop vite. Ton père et moi, on a été présents chaque jour, faisant les allers-retours entre la maison et l’hôpital. Nous avions constamment les larmes aux yeux, impuissants et totalement désemparés. J’ai eu l’impression de manquer tes premiers jours de vie. J’aurais tout donné pour te prendre dans mes bras et te bercer, me coller contre toi, sentir ton petit souffle chaud sur mon visage. J’aurais tant voulu t’entendre pleurer.
Devant nos yeux, tu te battais silencieusement pour vivre. Nous t’avons regardé longtemps, allongé dans cet incubateur, avec tous ces moniteurs qui sonnaient tout le temps. Les bradycardies, les désaturations et les infirmières qui se précipitaient sur toi. Le soluté branché sur ta petite tête. Tes mains et tes pieds troués, rougeâtres et mauves. Je ne peux pas effacer ces images de ma mémoire.
Le temps m’as paru si long, interminable.
Pendant des mois, tu avais été à l’intérieur de moi. Je te protégeais du mieux que je pouvais. Puis soudainement, je ne pouvais plus te toucher qu’avec le bout de mes doigts. Jamais je ne m’étais sentie aussi vide. J’avais mal, plus mal que tout ce que j’avais pu endurer de toute ma vie. J’ai pleuré bien plus que tu ne pourrais l’imaginer.
Lentement mais sûrement, les jours ont passé.
Mon amour, tu as maintenant franchi le cap des six mois. Ta santé s’est replacée. Tu as rapidement pris beaucoup de poids. Tu es devenu fort. Tu es une vrai grosse boule d’amour. Les temps sont parfois durs, c’est vrai. Mais le fait de t’avoir avec moi tous les jours, de pouvoir apprécier chaque moment, chaque sourire, chaque nouveau son que tu découvres et que tu cries à tue-tête vaut tout l’or du monde dans mon coeur de maman.
Malgré tout, il reste encore aujourd’hui et pour toujours une immense inquiétude au fond de moi.
Je veux ton bonheur, ta santé et ta sécurité.
Je te promets de ne jamais baisser les bras et de toujours être là pour toi.
Je t’aime mon petit combattant.
JOANIE P. |
Je comprend tout à fait … maman d’un « pas pire prématuré » aussi. La naissance et tout le temps passé à l’hôpital furent très émotifs pour notre famille. Nous avons encore des moments de larmes en pensant au parcours que nous avons franchi. Par contre, je dois dire que les pratiques changent pour le mieux. Dès sa naissance, il m’a été possible de sortir mon bébé de l’incubateur et de le prendre en kangourou (peau à peau). En fait, les infirmières me le recommandaient fortement. Il n’a jamais trop de moment kangourou avec maman et papa. Nous avions même l’habitude d’en faire 2 par jour. Les multiples bienfaits de cette pratique sont maintenant scientifiquement prouvés! Je vous encourage fortement à demander au personnel hospitalier de le faire avec vous si cette méthode n’est pas déjà pratiquée. Surtout ne pas vous gêner, c’est votre bébé et il en sera très reconnaissant…. 🙂
Mon premier est un 34sa5/6. Ils ont dû le réanimer à la naissance.. Un bébé gris ca fait peur.
Je croyais avoir vécu le pire..
Puis mon 2e est arrivé à 31 sa pile. Il est resté 60 jours à l’hôpital. Horreur. Je devais me séparer entre la perle de mes yeux qui avait 2 ans à la maison et mon mini-bébé trop fragile. On a réussi. On y est arrivé.
Bébé 1 a aujourd’hui 7ans et bébé 1, 4 1/2. Ils ont des difficultés respiratoire (pneumonie, laryngite aiguë à détresse respiratoire, asthme) et chacun tdha avec tout c’qui vient avec mais ils vont bien.
Ne perds jamais espoir, il y aura toujours des jours de pluie… Mais le soleil revient chaque fois. Promis juré.
… Et ne t’accuse pas. Ne soit pas si sévère avec toi. C’est pas ta faute. Crois moi, c’est PAS ta faute. xxx