Je ne devrais pas écrire ce qui suit, encore moins le penser ou le ressentir, mais c’est comme ça : je ne t’aime plus, ma fille.
Momentanément, je l’espère.
Il me faut pointer du doigt ce tabou pour conjurer ce sentiment contre lequel je me bats depuis quelques jours. J’ai besoin de m’avouer cette vérité et de ne plus repousser ce qui existe en moi.
Mais en la nommant, je vois à quel point je suis ingrate. Indigne de toi.
C’est peut-être parce que je vis une séparation depuis peu, que cette rupture draine mon énergie. C’est peut-être aussi parce que ton grand frère me demande, demande, sans arrêt. Peut-être encore et surtout parce que, depuis une semaine, tu as ton premier rhume qui t’empêche de dormir, ce qui fait que je ne dors pas moi non plus. Tu as sept mois et on dirait que je me retrouve avec une nouvelle-née qui ne fait plus ses nuits.
Mon manque de sommeil est proportionnel à mon manque d’amour.
Oui, il y a une foule de raisons qui font que je ne t’aime plus depuis quelques jours, mais malgré tout, je sais que je ne devrais pas ne pas t’aimer. Ça me fait mal et ça doit te faire mal à toi aussi. Tu dois t’en apercevoir, le sentir. Il me semble que je le vois dans tes yeux, comme toi, tu le vois au fond des miens.
Quand tu pleures ou que tu chignes pour que je te prenne, je suis soufflée comme si mon cerveau recevait une gifle. Je te soulève et j’ai aussitôt l’envie de te redéposer, de te laisser là, toute seule.
J’étouffe.
Tu te calmes et tu commences à babiller.
Normalement, je devrais être émue de te voir heureuse, mais ton sourire ne touche pas mon être. Ne plus te voir constitue mon principal désir. J’ai besoin d’air, de solitude. À cause de tes humeurs changeantes, je t’en veux de ne pas me laisser dormir tout mon soûl pour récupérer et bien m’occuper de toi.
Une mère doit prendre soin de son enfant, qui plus est de son enfant malade. Le réconforter, le rassurer. Pourtant, je m’en sens incapable. Je n’ai plus de plaisir et d’élan. Je suis une mauvaise maman, celle qui n’aime plus son bébé.
J’ai honte de moi et j’aurais cette pulsion de te donner.
Et si mon amour pour toi ne revenait jamais? Et si mon cœur pourri ne se remettait jamais en marche en te regardant?
J’ai peur de ne plus jamais t’aimer.
Et c’est là que la vie reprend son cours et tu recommences à dormir la nuit. Moi aussi.
Puis je te vois comme avant, avec mon cœur fondant de maman.
Je t’aime, ma fille.
LA COLLABORATRICE DANS L’OMBRE |
Oh mon dieu, c’est exactement ce qui s’est produit pour moi cette semaine! Je me sentais tellement honteuse. J’ai pensé <>. Quel sentiment douloureux. Puis, après du repos, une regain d’énergie m’a permis d’acueillir ses crises avec sérénité. Wow merci de partager ce texte (aussi difficile que ça a pu l’être), je me sens tout d’un coup bien moins seule
Une angoisse personnelle dont peu de femmes osent parler, et toujours aussi profondément exprimé que d’habitude…bravo et…merci❤
Merci de m’être des mots aussi bien expliquer sur des maux comme ceux là
Ça fait tellement mal à lire…J’espère ne jamais avoir à ressentir cela car moi je ne dors plus depuis des années…4 pour être exacte.