Mais où est passée ta belle petite fille qui accourait vers toi le sourire fendu jusqu’aux oreilles et qui te couvrait de milliers de bisous en hurlant «MAMANNNN» à pleins poumons? Elle était tellement gentille et serviable! Ta petite fille a grandi et tout ce que tu lui trouves de commun avec celle d’autrefois, c’est son prénom.
Ses sautes d’humeur et son air bête font partie intégrante de votre dynamique familiale. Tu essayes maladroitement de lui faire plaisir de temps à autre en lui offrant de passer du temps avec elle en lui proposant une soirée au cinéma ou un après-midi à faire les boutiques. Soit elle est agréable le temps de votre sortie et te fait ravaler ton sourire la minute où tu retires les clés du moteur de ta voiture (qu’elle veut d’ailleurs t’emprunter beaucoup, beaucoup trop souvent), soit elle roule des yeux juste à l’idée de passer du temps seule avec toi. Prends-le pas personnel, la règle numéro un du guide du parfait parent, c’est de ne jamais oublier que tes enfants sont ingrats. Prends la clé des champs (ou de ta voiture, c’est selon) et profite de ton précieux temps pour retrouver ton conjoint ou te retrouver toi, tout simplement.
Son centre d’intérêt dans la vie, ce sont ses amis. Et c’est correct! Elle évolue, ton ado. Lentement mais sûrement, elle se détache de ses parents et se construit pour devenir une adulte responsable et autonome… ou quelque chose qui ressemble à ça. Elle doit pouvoir faire ses essais et erreurs seule, ce sont les embûches qui rendent quelqu’un débrouillard! Fais-lui confiance et laisse-lui son espace tout en mettant tes limites bien claires. Trop de limites, c’est comme pas assez; faut équilibrer. Tu verras, elle fera des bons choix (comme se trouver son premier emploi) et des moins bons (comme fendre ton pare-chocs arrière parce qu’elle a tenté un stationnement de reculons… pleine de bonnes intentions). L’important, c’est qu’elle apprenne. Rappelle-toi ton apprentissage à son âge. Pis? Pas toujours brillant? C’est ça. Mais tu en as retiré des leçons importantes (par exemple, ne jamais fumer après avoir bu) qui ont fait de toi la femme que tu es aujourd’hui! C’est pas beau ça?
Elle fait des petites choses qui t’irritent et tu as envie de te casser son Ipod sur le genou en signe de revendication? Choisis tes batailles. C’est bon pour toi, pour elle et pour la santé mentale de ta famille au grand complet. Saute un plomb monumental quand elle a fait quelque chose de grave; ça a beaucoup plus d’impact que dix petites explosions et c’est moins épuisant de se fâcher une fois que dix fois. Et on va se le dire, c’est tellement libérateur! Lâche prise, roule des yeux en cachette… et prends un verre de vin pour relativiser.
L’adolescence, c’est un passage obligé difficile et ta fille vit un mélange d’émotions fortes qu’elle a de la difficulté à s’expliquer. Confrontée à plusieurs choix critiques à faire, elle peut être vraiment perdue et elle déverse son trop-plein d’hormones d’adolescente incomprise sur… toi, l’heureuse élue! Rends-toi disponible pour parler avec elle. Il n’y a rien comme avoir l’impression d’être comprise par quelqu’un quand on traverse une crise existentielle et l’adolescence, c’est un peu ça! Elle te confie des choses qui te font sortir les yeux de la tête et qui te donnent envie de l’embarrer dans sa chambre jusqu’à ses dix-huit ans? Gère-toi un peu. L’ouverture d’esprit te permettra de garder contact avec elle. Proposer des solutions plutôt que d’attaquer ton ado avec des sermons est une bien meilleure idée. À force de se faire réprimander, elle ne discutera pas avec toi et laisse-moi te dire que tous les scénarios que tu t’imagineras seront bien pires que ce qu’elle a à te raconter.
J’ai été une adolescente difficile (à la maison seulement!), mais j’ai aussi eu un cadre de règlements très strict à suivre… ce qui m’a encouragée fortement à sortir de ce cadre. Je n’ai jamais rien fait d’épouvantable parce que je n’étais pas du tout le genre d’ado à la recherche d’émotions fortes, mais j’aurais souhaité sentir que je pouvais parler et être comprise par mes parents. Ne manque pas ta chance d’être le phare pour ton ado dans les moments où elle navigue toute seule sur un voilier alors qu’il fait tempête. Sois son point de repère, son guide, sa référence. Lâche pas, la mère, mais lâche prise… un peu!
CATHERINE I. |
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