Je me demande si je suis une mauvaise mère.
Toujours plus qu’hier, plus que jamais aujourd’hui.
Comme si j’étais toujours en retard d’un temps. Comme si j’étais bien une maman sans faire partie du clan.
Ça a commencé après mon premier accouchement quand le lien d’attachement a pris quelques semaines à se manifester. Puis quelques jours à ma deuxième. Je me comparais à celles qui disaient vivre le grand amour de leur vie, qui patiemment allaitaient avec bonne humeur leurs enfants, sans se plaindre de la fatigue, de la douleur et des pleurs.
Et je me suis demandé si j’étais une mauvaise mère.
Puis est venu le temps de la garderie. J’y suis allée en me disant que je serais déchirée. Mais non. Je suis partie la tête tranquille, sans même une larme et je me suis culpabilisée par la suite lorsque les autres mères me confiaient à quel point la séparation avait été douloureuse et difficile.
Et je me suis demandé si j’étais une mauvaise mère.
J’ai inscrit ma fille au patinage artistique et j’ai assisté deux années durant aux pratiques. J’étais la mère ébouriffée un matin et sur son trente-et-un le lendemain, dépendant de ma matinée et de la soirée de la veille et j’observais les mamans clones avec leur sac à main sport en bandoulière, leur queue de cheval léchée et la collation santé qu’elles remettaient à leur progéniture une fois la pratique terminée. Je me suis acheté ledit sac sport en bandoulière. Mais il n’y avait rien à faire. Pendant que je m’enfilais deux cafés et que j’avais oublié d’attacher les cheveux de ma poule qui s’empressait de terminer son chocolat chaud dont quelques gouttes venaient atterrir sur le chandail de l’équipe, elles me regardaient avec leur air de « jamais je n’aurais pensé offrir quelque chose de salissant et de si peu nutritif à mon enfant».
Et je me suis demandé si j’étais une mauvaise mère.
J’ai assisté aux spectacles scolaires toutes les fois que j’ai pu et j’ai parfois offert de donner un coup de main. Mais il y avait toujours une maman bénévole impliquée pour me rappeler que je n’en faisais peut-être pas assez. Combien de fois n’ai-je pas pu être présente et ai-je vu la déception dans les yeux de mes enfants ?
Et je me suis demandé si j’étais une mauvaise mère.
Depuis sept ans que j’attends que mon enfant figure au tableau d’honneur du mois de l’école. Même la catégorie effort ou rayon de soleil ferait mon affaire. Tandis que les enfants des autres figurent au tableau tour à tour, les miens restent dans la masse, enrichissant la moyenne du groupe.
Et je me demande si j’y suis pour quelque chose.
Parmi mes amies, il y avait celles dont les enfants réussissent tout ce qu’ils entreprennent. Qui ont des notes extraordinaires et qui performent dans tous les sports. Pendant que les miens dansent dans la moyenne, passant d’une activité à une autre.
Et je me demande si j’aurais dû insister plus.
Il y a aussi celles dont l’enfant à des besoins particuliers, qui fait partie d’un groupe de soutien, flanqué d’intervenants et dont on écoute inlassablement les petites réussites parce que c’est beau de valoriser l’enfant en difficulté et la maman derrière lui.
Et je me demande si je suis assez reconnaissante.
Il y a les enfants de mes amies qui ne sont jamais bruyants, sages, habillés en carte de mode et qui sont particulièrement aimés par leurs enseignants.
Et je me demande si j’aurais dû être plus intransigeante à l’égard des comportements indésirables.
Mais maintenant, j’en ai assez.
Je veux simplement être la maman d’enfants bien ordinaires mais combien aimés de parents qui font tout pour les rendre heureux et équilibrés.
Maintenant, quand l’une de mes amies me dira à quel point elle est fière que son fils ait 95% de moyenne, je lui dirai avec la même fierté que le mien a échoué à son dernier examen mais qu’il n’a pas baissé les bras.
Maintenant, quand nous irons dans une fête, que mes enfants seront bruyants et que les hôtes passeront un commentaire, je me rappellerai de ne plus y retourner. Parce que mes enfants sont bien élevés, mais le silence n’est pas une priorité chez moi.
Maintenant, quand une nouvelle mode de sacoche sport ou griffée, mais ô combien pratique pour la supermom qui boit des jus verts, s’entraîne quatre fois semaine et est bénévole à l’école, sortira, je ressortirai le sac le plus coloré de ma collection, celui-là même qui jurera avec les autres et je le porterai fièrement comme un trophée. Un trophée qui dit que je suis fière d’être la mère que je suis.
Et je ne me demanderai plus jamais si je suis une mauvaise mère.
JULIE DUCASSE |
Pas d’accord avec cette maman… elle se contente dans son ordinaire tout simplement. Tout parent doit être conscient que leur progéniture est ordinaire et peut-être même pas bonne dans bien des spectre de leur vie/activité/école mais ils ont toujours un don ou un talent pour quelque chose. Alors cette mère je vois qu’elle se contente d’être « ordinaire » et se donne pas la peine de guider son enfant vers son don/talent… comment l’enfant vas decouvrir son talent si la seule personne de sa vie se donne pas la peine de la guider? Comment l’enfant vas avoir une vie productive si elle/lui découvre son talent a 40 ans car ses parents se sont pas donne la peine de le guider?
Et bien bravo! Cent fois bravo. Je tiens à dire que lorsqu’ on se pose la question à savoir si nous sommes une bonne mère c’est que nous le sommes car nous prenons le temps de poser le pour et le contre de nos actes. Nous vivons dans un monde où nous avons le droit à la liberté d expression mais tout le monde se conforme aux voisins pour avoir bonne conscience. Alors je réitère mes félicitations. Si je dois sortir porter ma fille en pyjama car elle sera en retard à l école elle n’en sera pas gêné et moi non plus. Je n aurai tout simplement pas eu le temps ce matin là de me coiffer et maquiller et mettre mes plus beaux habits au cas où…Non je serai simplement une femme qui fait de son mieux pour être mère.