Chère âme soeur,
Je me croyais au-dessus de tout à cet âge. Je croyais savoir ce dont j’avais besoin dans la vie, connaître les réponses à mon bonheur, le chemin à suivre, selon les modèles que j’avais sous les yeux. J’ignorais que cet amour intense ne s’éteindrait jamais. Donc je t’ai quitté.
Cette décision fut la plus difficile à prendre de toute ma vie. Je l’ai tant regrettée et la regrette toujours. Je sais qu’il est trop tard et que le retour en arrière est impossible. Nous avons essayé maintes fois de nous retrouver comme avant, mais la vie nous mettait sans cesse des bâtons dans les roues. J’ai poursuivi mon chemin en pensant que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire. Je suis heureuse, j’ai des enfants en santé, un mari attentionné, une belle vie confortable, mais je suis en manque de toi. Mes petits moments de bonheur, de découragement, mes passions, mes activités, mes « bonne nuit », c’est avec toi que je devrais les partager. Quand je m’endors le soir c’est à toi, ton âme, ton souffle que je pense.
Pourquoi ne m’as-tu pas retenue? Pourquoi ne m’as-tu pas dit de laisser couler doucement le temps et de profiter de chaque instant? Pourquoi n’as-tu pas pleuré devant moi? Pourquoi m’avoir laissé partir sans me crier ta peine? Je t’en veux. Je t’en veux de me l’avoir avoué bien que trop tard, alors que toute ma vie était en place. Alors que je m’étais faite à l’idée de vivre sans toi. Alors que j’avais des enfants qui ne méritent pas de vivre dans leurs valises et d’être déchirés entre leurs parents.
J’ignore si ça fait de moi une femme infidèle de penser à toi aussi souvent et de m’empresser de répondre à tes textes pour prendre de mes nouvelles quand je les reçois, mais moi, ça me rend heureuse. Ça me donne un certain équilibre de savoir que tu penses encore à moi. Vivre sans son âme soeur lorsque l’on sait où elle se trouve, c’est déchirant. C’est savoir qu’il y a près de toi ta moitié. La personne qui sait exactement ce qu’il y a dans tes pensées rien qu’en te regardant dans les yeux. La seule personne qui puisse lire ton âme. La seule main dans laquelle la tienne se glisse parfaitement.
Après toutes ces années, j’arrive encore à sentir ton odeur. Je connais encore le sentiment de douceur de passer ma main dans tes cheveux. Je t’entends encore éclater de rire. Pourrais-je jamais t’oublier? Je le voudrais par loyauté pour ma famille. Je le voudrais pour être délivrée. Je voudrais tellement arrêter de croire que je passe à côté d’une histoire d’amour digne des plus grands cinémas. Je doute que j’y arriverai, mais pendant ce temps, je donne tout ce qu’il me reste d’amour à mes enfants, à mon homme qui se tient grand et fort près de moi, que j’aime tout de même profondément, mais tellement différemment.
Je suis une maman, une épouse, mais avant tout je suis une femme. Je l’oublie souvent. Je M’oublie souvent par dévouement à ma famille. J’ose croire que c’est la chose à faire. Que je me dois d’être droite envers eux. Que mes besoins doivent passer après les leurs.
J’ai laissé tout près de toi la moitié de mon coeur, s’il te plaît, fais-lui attention. N’abîme pas nos magnifiques souvenirs. Garde cet amour qui nous unissait intact. La vie fera peut-être en sorte qu’un jour nous puissions être réunis à nouveau. D’ici là, je nous souhaite d’être heureux, sereins, de vivre pleinement et si j’arrive avant toi au bout de cette grande aventure, je te garderai une place de choix sur mon nuage….
LA COLLABORATRICE DANS L’OMBRE |
Chère collaboratrice dans l’Ombre,
Ne laisse pas la culpabilité salir ce souvenir et salir ta vie présente. C’est un grand privilège d’avoir connu ce genre de passion et c’est aussi un privilège d’avoir trouvé le bon compagnon de vie pour former une famille (les deux étant rarement compatibles).
Je te suggère fortement de lire ce livre : La touche étoile (Benoîte Groult). Tu y trouveras certainement un peu de paix.