Je vous entends déjà sortir les gros jugements sur cette plate-forme de fast-food humain. Moi aussi, j’ai jugé. On va se le dire, ce n’est pas le sujet de conversation le plus glamour du monde, mais je me lance : j’ai utilisé Tinder. Et ç’a eu du bon pour moi.
T’sais quand t’as eu un enfant, que ton corps a joué à la balloune et qu’il a maintenant l’air d’une chandelle fondue, que tes seins ne sont plus aussi hauts, ronds et galbés qu’avant, mais plutôt en pieds de lutin, que bien que tu rentres dans tes anciens jeans, les coutures te scient le muffin top maintenant rendu beaucoup plus moelleux qu’avant ?
On va se le dire, le corps post-partum n’est pas le meilleur pour l’estime.
Ça faisait presque une décennie que j’étais avec le père de ma fille, et bien qu’il me disait à tous les jours qu’il me trouvait belle, je ne le croyais pas. Je n’avais plus de libido. Je n’enlevais plus ma brassière, t’sais.
Et là, attention. Ce n’est pas parce qu’une femme n’a plus de libido qu’elle n’aime pas le sexe. Au contraire. C’est le pire sentiment au monde que de ne pas avoir envie de faire une des choses les plus enivrantes au monde. On se sent tellement coupable de ne pas avoir de pulsions envers la personne qu’on aime, qui nous supporte. Une culpabilité mélangée au fait qu’on se trouve laide. Et molle. Et très sensible sur le sujet.
Bref, Tinder.
Lorsque je me suis séparée (il s’en passe des choses dans une vie), une de mes amies célibataires m’a laissée jouer avec son profil Tinder et s’est empressée de me télécharger l’application .
Gauche, gauche, gauche (beaucoup de gauche), droite, MATCH!!!!!!!!!!!! Super excitant le premier match.
À travers des conversations en cul-de-sac et des dicks pics (oui, y’a encore des weirdos qui pensent que ça nous fait mouiller), l’angoisse. Je me suis créé un nouveau compte Facebook pour protéger mon enfant, j’ai caché son existence, mentionner son existence aussi, répondu au fait que oui, je l’avais eu naturellement, que non, mes seins n’étaient pas trop scraps.
En résumé, ma maternité stressait beaucoup plus les hommes qu’elle me stressait moi.
Ce n’est pas glamour de dire qu’on a eu des aventures via Tinder. On aimerait tellement plus que nos fantasmes de jeunes filles deviennent réalité. De tomber face à face avec un bel inconnu au Second Cup qui vient glisser son numéro de téléphone sous notre tasse de latte pour emporter. Qu’il nous dise qu’il trouve ça sexy, une mère, et qu’il adore les enfants.
Mais non. Nos désirs physiques nous font bifurquer vers la voie facile.
J’ai recommencé à vouloir prendre de belles photos de moi, à avoir une hygiène générale quotidienne (ménage du printemps COMPLET), à m’acheter des sous-vêtements cutes, à aller chez la coiffeuse pour ma repousse et à me faire ma ligne de sourcils. J’ai recommencé à prendre du temps pour moi (plus facile avec un enfant à temps partiel, je sais. Je vous vénère d’autant plus, vous les mères à temps plein). J’ai recommencé à me sentir femme.
The glow was back; j’ai graduellement retrouvé ce sex-appeal qui me manquait tant.
Les quelques aventures que j’ai eu avec Tinder m’auront permis d’apprendre à me connaître en tant que femme. J’ai appris ce que je m’attendais d’un homme, à prendre leurs compliments, de les croire et de les assimiler. J’ai compris qu’il est possible d’être une bonne mère et d’être sexuelle à la fois. Que j’avais le droit de me sentir belle et désirable. J’ai alors tenté d’arrêter de me culpabiliser parce que je dépensais quelques dollars pour moi et non pour mon enfant, que ce soit pour un vernis à ongles ou une coloration (gros défi).
On dit souvent qu’on récolte ce que l’on sème. J’imagine que le va-va-voom qui a fini par se dégager de mes pores a servi à quelque chose, parce que j’ai rencontré quelqu’un. Sans Tinder. Justement le genre de gars qui trouve ça sexy que je sois mère et qui adore les enfants.
Mais cette application de fast-food humain m’a donné rendez-vous avec ma féminité. Grâce à elle et à cette période de ma vie, je me suis retrouvée.
Et mon chum est bien content que je n’aie pas de problème à enlever ma brassière.
KATHLEEN ALLARD |
J’a-do-re!!!
Exactement mon cas…shame on me!?
Mais bonyenne que ca fait du bien de viiivre un peu!☺