Pas de personnage, pas de faux père indigne, pas de macho misogyne fini, pas de cinquième degré pour m’exprimer car oui, c’est parfois derrière son masque qu’un papa passe ses émotions, ses messages et ses sentiments. Je vais le dire. Même si c’est volontaire, être un père monoparental, c’est difficile.
Oh, je sais qu’aux yeux du gouvernement, je suis en état de garde partagée. Cependant, quand un soir donné parmi tes sept jours sur quatorze, tu dois gérer l’otite et l’amygdalite de ta fille (l’une semble aimer venir avec l’autre), ton gars qui en est à sa septième diarrhée, que tu dois remettre ton budget à ton patron le lendemain et que des clients t’écrivent afin d’avoir des soumissions pour hier, tu te sens solidement monoparental même si ce n’est pas la case que tu coches dans ton rapport d’impôts.
Oui, j’ai maintenant du temps pour voir mes amis, faire les projets personnels que je repousse depuis longtemps, m’organiser des activités et rendez-vous avec différentes femmes, bref, être l’égoïste que l’on assume difficilement publiquement. Cela dit, ça n’empêche pas que certains soirs, je retournerais en petite boule dans l’utérus de ma mère parce que je me sens complètement vidé… et je ne parle pas de vide génital.
Non, je ne joue pas à la victime. Je dois être conséquent avec mes choix mais parfois, quand je vide le lave-vaisselle, j’ai une folle envie de garrocher les ustensiles dans le tiroir au lieu de les classer, de ne pas faire de brassées et de remettre les bas qui puent à mon gars le lendemain (qui le saurait de toute façon ?), d’asseoir mes enfants toute la soirée devant un film pendant que je prépare leur poulet trop sec accompagné de légumes flasques et drabes, film qu’ils continueront de regarder quand je vais vider dans la poubelle leur assiette qu’ils auront regardée avec dédain et boycottée.
Il fallait vraiment que l’ambiance soit malsaine dans cette maison pour cracher sur celle-ci, renoncer à la piscine qui la décorait, perdre les avantages de tout payer à deux et quitter vers nos petits condos respectifs. Nous avons eu beau ouvrir les fenêtres, l’air est demeurée vicié; nous avons eu beau acheter de nouveaux électroménagers, la solitude a continué de nous meubler; nous avons eu beau faire traiter le gazon, nos paroles sont demeurées remplies de mauvaises herbes. Quand l’intérieur s’écroule de toute part, rien ne sert d’entretenir la paroi.
Maintenant, je porte mes vieux vêtements car le budget vestimentaire s’écoule dans le renouvellement de la garde-robe de mes enfants; je regarde les rabais dans les épiceries car je veux qu’après les fruits et légumes, il reste des sous pour acheter OCCASIONNELLEMENT des gâteries culinaires (cochonneries) à mes enfants ; je limite mes visites à la SAQ pour que…hummm non…je vais à la SAQ encore régulièrement. Tous ces « sacrifices » (le mot est fort mais je n’ai pas envie de chercher un synonyme moins puissant), je les fais avec le sourire et le coeur léger.
Mes petites chenilles, le deuil de votre papapillon dans tout cela est de ne pas avoir été en mesure de vous offrir l’unité familiale que j’idéalisais pour vous dans ce cocon. Je peux toutefois me targuer de vous léguer comme valeur l’importance de poser les actions nécessaires quand votre chrysalide devient étouffante à un point tel qu’il est impossible d’y déployer ses ailes. Volez, vivez et choisissez bien le pré dans lequel vous vous épanouirez.
Ce texte est purement fictif et toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite…presque.
MICHAEL MELVIN |
très bon texte!
Beau texte…
Je pense pas qu’on accepte un jour l’idée d’élever nos enfants tout seul, quand l’idée initiale était un beau projet de famille épanouie.
Entre peine et colère, n’en demeure pas moins que des enfants se font à deux, et s’élèvent à deux selon moi.
On s’habitue? Je ne pense pas, on fait avec, et apprenons à mieux nous connaitre avec le temps.
Maintenant je sais un peu à quoi m’attendre le lendemain du départ de ma fille, quand les lieux vides en son absence…
Le fier papa