On dit que les cousins et cousines sont les premiers amis d’un enfant. Dans mon cas, ça ne pourrait pas être plus vrai. Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de mon enfance, mais la plupart sont peuplés de ces personnes qui partagent un peu de mon ADN.
Chez nous, nous sommes sept petits-enfants issus de cinq familles. Sur le lot, nous n’étions que deux filles. J’aimais et j’aime toujours mes cousins, mais entre elle et moi, c’est plus que ça. Malgré les quelques années qui nous séparaient, nous avons toujours été très proches. Nous nous confions de petits et grands secrets sur nos vies et nos rêves lorsque nous étions toutes petites, puis nos amours et nos peines lorsque nous sommes devenues adolescentes. Aujourd’hui adultes, malgré les trois cent cinquante kilomètres qui nous séparent, nous continuons de nous raconter nos bons et moins bons coups, nos rêves et nos coups durs, souvent par simple texto et en personne quelques fois par année.
Hier soir, alors que toute la famille peuplait ma petite maison, je me suis trouvée chanceuse. Chanceuse que ces premiers amis soient toujours dans ma vie, malgré la distance, les années, parfois les chicanes et d’autres fois, simplement la vie qui sépare les gens. Malgré que mes grands-parents, ceux qui unissaient cette toile colorée de gens différents, ne soient plus avec nous qu’en photo. Dans le brouhaha des discussions, des couverts et des rires, au travers des belles assiettes de Noël entremêlées d’assiettes de plastique de couleur pour les enfants, j’ai retrouvé un souvenir caché très loin, le souvenir de deux petites filles cachées sous une table, attendant de pouvoir voler un trou de beigne fraîchement cuit alors que nos mères et nos tantes popotaient en se lançant de la farine. Je me suis revue courant avec les autres enfants d’une pièce à l’autre dans le sous-sol de ma grand-mère, buvant de l’orangeade Crush dans une bouteille en vitre en mangeant des peanuts et des rosettes en chocolat, regardant mon frère et mon cousin faire un concours de qui en avalerait le plus tout rond.
Pui, je me suis demandé. Est-ce que nos enfants seront aussi proches que nous l’étions, que nous le sommes toujours? Trente ans plus tard, ma cousine et moi avons pris le relais de nos mères, aidant à servir les oncles et les tantes, faisant la vaisselle après le souper, tout ça en jetant de temps en temps un regard sur nos poulettes et celles de mon frère qui jouaient toutes les cinq ensemble, sachant que ce soir, il n’y aurait pas de chicane.
La soirée a fini plus tôt qu’avant, l’âge des oncles et tantes mêlé à celui des jeunes enfants a eu raison de tous. Mais lorsque les derniers adultes ont franchi la porte, je me suis retournée vers les plus vieilles qui me souriaient de toutes leurs dents et trois d’entre elles ont refusé de quitter avec leurs parents pour prolonger le plaisir de rester entre cousines.
En leur chantant « Au clair de la lune » hier soir, puis en les regardant manger leurs « crêpes de matante Mimi » ce matin, j’ai remercié la vie du fond du cœur, envahie d’une émotion que je n’arrive pas à nommer, et j’ai souhaité très fort que dans trente ans, elles aient la chance d’être encore aussi proches que nous le serons toujours.
MYRIAM GÉLINAS |
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