Le contrôle de ce que je fais pis de ce que je pense, j’ai toujours cru que c’était quelque chose d’acquis. Que j’avais rien qu’à me parler pour me comprendre. Que j’avais juste à me rationaliser pour me calmer.
Pis la tête s’est mise à me grésiller.
Elle s’est mise à me grésiller tellement fort que j’ai plus été capable de rien faire. Je suis restée là, figée, à essayer de comprendre ce qui me bouillonnait dans le cerveau. Ce qui engourdissait mes pensées et m’empêchait de reprendre le dessus. J’ai eu peur. Je me suis dit que j’étais en train de perdre la tête. C’était vrai. Un peu. Pis ça m’a fait paniquer.
Je me suis mise à trembler de tous mes membres, à claquer des dents, pis le cœur s’est mis à me débattre. Je me suis dit que j’étais en train de perdre le contrôle de mon corps. C’était vrai. Un peu. Pis ça m’a fait paniquer.
Je me suis raccrochée à mes repères, à ce qui me fait du bien, à ceux que j’aime, à ce qui compte pour moi. Mais ma tête s’est entêtée à brouiller le signal, engourdie.
J’ai eu le goût de la brasser. Vite. Fort. De gauche à droite, de droite à gauche, pour qu’elle retrouve son bon sens. Mais elle est restée folle, désorientée.
J’ai essayé de crier, comme si le mal qui l’habitait pouvait s’échapper par ma gorge et rebondir sur le mur pour que je l’écrase sans scrupules sous mes pieds. Mais rien n’est sorti. Rien d’autre que mon cri d’impuissance.
Je me suis couchée, espérant que le sommeil l’enrayerait pour de bon. Et même si j’ai cru qu’elle avait retrouvé le nord à mon réveil, elle l’avait déjà reperdu quelques heures plus tard.
J’ai attendu que le temps passe, inerte dans mon lit. Les yeux ouverts. Les yeux fermés. En lisant un livre. En dormant. En mangeant. En parlant. Mais le temps n’y changeait rien.
J’ai voulu mettre des mots sur le mal. Pour lui donner un sens. Pour le comprendre. Pour le traiter. Pour le guérir. Pour ne plus jamais avoir le confronter.
Et lorsque l’anxiété m’est tombée dessus, pour vrai, dans toute sa définition, j’ai su que ce n’était que le début d’un long combat.
Que je mènerais de front jusqu’à ce que ma tête ne grésille plus.
Laisser un commentaire