Au moment où je t’écris, je t’aime et je te hais.
Évidemment que je t’aime, sinon je ne t’aurais pas choisie pour t’occuper de mes enfants si j’ai à quitter ce monde trop tôt. Parce qu’on va se le dire, même si on en a autant envie que de sauter à pieds joints sur un nid de guêpes, quand on est maman, il faut régler ce dossier-là en priorité. Mais tu sais, tu seras toujours un plan B. Car le plan A, ça ne peut être que moi. Sérieusement, qui d’autre que moi sait ce qu’il y a de mieux pour mes enfants, les êtres les plus importants dans ma vie?
Reste que quand j’ai tenté d’imaginer l’inimaginable, j’ai pensé à toi. Au lien qui t’unit à eux depuis le tout début. Parce que tu as bercé mon aîné quand il avait des coliques. Parce que tu l’as gardé à maintes reprises pour m’offrir quelques instants de répit. Parce que tu as passé des heures à jouer avec mon plus jeune, à lui raconter des histoires. Parce que tu leur as enseigné à casser des oeufs sans avoir peur des dégâts, au sens propre comme au figuré. Et puis parce que, souvent, on pense pareil, toi et moi. Même que tu es beaucoup plus tolérante que moi, tu fais preuve de tellement plus d’ouverture d’esprit parfois. Tu m’aides à comprendre au lieu de juger et ton avis est toujours précieux à mes yeux.
Mais je te hais quand je t’imagine devenir la mère de mes enfants. Ce n’est pas ton rôle, c’est le mien. Et je n’ai d’autre choix que de te croire sur parole quand tu me dis que tu t’occuperas de mes garçons comme si c’était les tiens.
J’espère de tout mon être que tu sauras être celle qui les accueillera toujours avec un sourire. Celle qui saura être ferme et bienveillante. Celle qui aura à cœur leur santé, qui leur préparera de bons repas. Celle qui continuera de diluer leur jus avec de l’eau, parce qu’elle aura accepté mon côté mère poule. Celle qui sera toujours prête à les encourager à pleins poumons à l’aréna ou au soccer, son café froid à la main. Celle qui se souviendra toujours qu’il faut chanter Au clair de la lune avant Frère Jacques quand vient l’heure de dormir. Celle qui n’oubliera pas que le grand préfère sa toast coupée en carrés, alors que le petit l’aime en triangles, pas de beurre. Celle qui les prendra dans ses bras pour apaiser leur peine quand ils me pleureront. Celle qui vivra les moments de fous rires et de chatouilles collés-collés. Celle qui les félicitera pour leurs beaux bulletins. Celle qui rencontrera les premières blondes. Celle qui s’inquiétera quand ils sortiront tard le soir. Celle qui les connaîtra comme si elle les avait tricotés.
Oui, j’espère que tu seras une grande magicienne, capable de faire tout ça en restant toi-même, malgré mon ombre qui flottera autour de vous.
Mais au fond, je ne peux m’empêcher d’espérer que tu ne seras pas meilleure que moi et que le jour où tu prendras la relève ne se présentera jamais.
Je te souhaite qu’elle ne prenne jamais la relève!!! Tu dois savoir que tout le monde peut faire preuve d’amour et de tolérance quand c toi qui te tape les choses moins droles. Si mm toi des fois tu perds patience et que tu es fatiguée…imagines la réaction de celle qui ne les a pas engendré. G connu ca et j’en ai vu des enfants déchanter. Crois moi…tu ne veux pas qu’elle soit en charge de tes enfants quand tu ne seras plus la!!!! Je te souhaite de vivre très tres longtemps et de voir tes enfants et tes petits enfants
Oh la vache je me retiens de chialer fort fort fort ! Quelle horreur !
J’imagine, de temps en temps, quand je m’égare, ce que mon fils ferait si je n’étais plus là. Et je ne le vois qu’en train de m’appeler en pleurant. J’en suis malade.
On sera là jusqu’au bout hein ? Je peux donner tout ce que j’ai pour que ce soit moi qui parte en premier. Bon, il va falloir que je me remonte le moral là ! Vite vite vite, je vais regarder les photos de mon fils 🙂