On s’imagine bien souvent que la maternité, c’est glamour. Combien d’entre vous rêvez d’afficher vos photos sur votre Facebook avec votre ventre bien rond exposé sous tous les angles possibles? Combien d’entre vous cherchez un concept révolutionnaire pour annoncer à vos amis le sexe de la petite chose qui vous grandit dans le ventre par le biais d’un photoshoot extraordinaire? On oublie souvent que plusieurs femmes se perdent dans le covoiturage de neuf mois qu’est la grossesse. Même si pour certaines, la grossesse c’est un moment renversant d’émotions, où elles se trouvent belles et radieuses, pour d’autres, c’est un supplice, un passage obligé pour accéder à la parentalité. La parentalité est elle aussi présentée comme l’apogée des accomplissements personnels, dépeinte comme « quelque chose à côté duquel on passe » quand on n’a pas d’enfant.
C’est un peu pourquoi l’idée d’être maman a germé dans ma tête un bon moment. Transmettre mon amour, mes gènes, mes connaissances à de petits humains me semblait tellement trippant. Voir grandir de petits individus qui deviendraient des adultes accomplis m’aurait rendu bien fière. C’est donc dans cette optique que j’ai eu la discussion avec mon chum à nos débuts. Lui, il avait déjà deux belles poulettes d’une union précédente et franchement, l’idée d’ajouter d’autres enfants à son portrait de famille ne l’emballait pas. Comme, pas du tout. Sauf que si c’était un de mes souhaits, il était prêt à s’embarquer à nouveau dans l’aventure de la paternité. Moi, avec ma grande ignorance de ce qu’était la vie familiale, je me voyais déjà avec une maisonnée bien remplie d’enfants heureux qui courent en riant aux éclats. Dans ma tête, c’était tellement beau et facile.
C’est là que j’ai reçu un coup de pelle de réalité en plein visage; j’ai emménagé avec mon chum et ses deux filles.
La garde partagée étant ce qu’elle est, nous avions les filles une semaine sur deux. Ces deux filles-là, c’est le rêve de toutes les belles-mères. Elles m’ont accueillie à bras ouverts, m’ont intégrée le plus naturellement du monde dans leur vie et m’ont permis de vivre la vie de parent. Avoir les deux pieds dans la vie parentale te ramène assez rapidement sur terre; il n’y a rien de facile dans la vie d’un parent. Rien. On doit plus souvent qu’autrement accorder notre temps aux enfants, répondre à leurs besoins puisqu’on est responsables de leur bien-être et de leur sécurité. On doit passer par-dessus le fait que les enfants, bien souvent, ne voient pas tout ce qu’on fait pour eux. On doit faire de la discipline même quand on est épuisés. On doit les consoler même quand c’est nous qui avons le goût de pleurer. On doit les soigner même quand on est malade. On doit leur faire à manger même quand on n’a pas faim. On doit faire les devoirs même quand on a nous aussi notre journée dans le corps. On doit continuer à faire les tâches qu’exigent une maison même quand on a l’impression de le faire pour rien parce que la tornade d’enfants passe derrière pour tout défaire. Quand j’ai réalisé ce que c’était la vie de parent, j’ai su que je ne pourrais pas le faire, pas à temps plein. Je suis chanceuse d’avoir deux belles-filles qui veulent bien m’intégrer à leur vie familiale et un chum qui m’accorde toute la place d’un parent légitime. Ma réalité m’a permis de comprendre que bien que j’aime la vie de parent, je serais malheureuse à temps plein dans les souliers d’une maman. C’est pour ça que je n’aurai jamais d’enfant.
Pour celles qui auraient envie de me répondre que quand ce sont nos enfants, c’est différent, j’aimerais vous dire ceci; l’épuisement qu’amène le rôle d’une mère n’est pas influencé par l’amour inconditionnel qu’elle porte à sa progéniture. L’amour inconditionnel ne fait qu’étirer l’élastique de la tolérance.
Personne ne peut comprendre ce qu’est la réalité d’un parent tant qu’il n’a pas essayé. Malheureusement, quand ça ne nous convient pas au final, on ne peut pas abandonner nos enfants. Je suis l’une des rares chanceuses qui a eu l’occasion de faire le test pour réaliser que la maternité n’est pas pour tout le monde. Je suis sans fausse modestie une très bonne belle-mère, très présente et très aimante mais je ne serais pas une bonne mère parce que c’est trop demandant, tout le temps.
CATHERINE I. |
Devenir parent, c’est le plus grand engagement d’une vie. Ce n’est pas facile, c’est parfois frustrant, par bouts c’est l’enfer, mais ça vient aussi avec une foule de récompenses, y compris de lire les pensées de sa fille blogueuse. Je respecte le choix d’avoir ou de ne pas avoir des enfants. C’est un choix personnel et nul autre n’a le droit de juger celle ou celui qui décide de ne pas avoir d’enfants. Je suis fier de toi.