Toi, la maman en Syrie que j’ai vue ce matin dans le journal pendant que je prenais mon café au chaud et en sécurité, j’aimerais te dire quelques mots, même si je sais que tu ne les liras jamais.
J’aimerais te dire que de te voir serrer tes enfants contre toi pendant que ta ville se transforme en champ de ruines me brise le cœur.
J’aimerais te dire qu’aucune mère ne devrait avoir peur que ses enfants se fassent tuer tous les jours en se levant le matin.
J’aimerais te dire que lorsque je regarde mes enfants jouer dans leurs chambres luxueuses, perdus sous leur tonne de jouets, je me sens coupable.
J’aimerais te dire que je ne peux qu’imaginer la peur dans laquelle tu vis quand tu regardes les tiens jouer dans les tas de roches qui sont devenus leur terrain de jeux.
J’aimerais te dire que je m’excuse au nom de ceux qui te jugeront si tu réussis enfin à fuir cet enfer qui est le tien.
J’aimerais te dire qu’ici tes enfants seront en sécurité, mais je ne peux pas te le promettre.
J’aimerais te dire qu’ici tes enfants auront bien plus de choses matérielles, mais je ne peux pas t’assurer que cela les rendra plus heureux.
J’aimerais te dire que ta famille laissée au pays, tu la retrouveras, mais je n’en sais rien du tout.
J’aimerais te dire que tu trouveras des amis et que tu pourras reconstruire ta vie. Je l’espère du fond du cœur.
J’aimerais te dire que je m’efforce chaque jour en te regardant, toi et les autres dans les bulletins de nouvelles, d’apprécier ce que la vie m’offre et de ne pas me plaindre pour les problèmes ridicules de mon quotidien.
J’aimerais te dire que tu es une maman formidable, qui fera tout pour protéger ses petits, ça se voit dans ton regard terrifié.
J’aimerais te dire que j’espère avoir ta force si un jour je dois faire face au pire moi aussi.
J’aimerais te serrer dans mes bras, parce que nous sommes humaines, toutes les deux, et que je ne veux jamais devenir indifférente à ta souffrance.
VIVIANE BAUGE |
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