Au début, il y a eu ton homme, le tien, le vrai, celui pour la vie. Puis, votre maison chaleureuse, sans prétention, mais parfaite. Et il y a eu votre plan de famille : un gars, suivi d’une fille. Évidemment et pas autrement, parce que le grand frère doit protéger gentiment sa petite sœur. Et tu les voyais complices, inséparables et soudés. Cette vie, tu l’as imaginée plus souvent qu’autrement. Une belle image, forgée à coups de séries américaines prévisibles et de comédies romantiques pour le moins irréalistes.
Mais la vérité, c’est que tu t’es trompée. Ton premier a eu du mal à accepter ton deuxième. Tu as cru à de la jalousie. Bien intentionnés, les gens ont voulu te rassurer : une phase, une période, normale, courante et passagère. Pleine d’espoir, tu les as crus et tu as attendu. Les mois, les années ont passé, mais non. Rien ne change. Mais tu essaies. Tu essaies vraiment fort. Tu leur parles de travail d’équipe, d’entraide, de partage, de respect et d’amour. Mais non, tes enfants à toi, ils ne s’entendent pas.
Les autres, eux, leurs enfants se blottissent l’un contre l’autre sur le divan devant un film. Calmement et une grosse heure-de-temps. Toi, tu ériges une barricade entre tes deux. Une énorme montagne de coussins, pour les séparer.
Les autres, eux, ils voient leurs gamins souriants partageant leurs bols de Cheerios du matin, heureux de se retrouver. Toi, tu dessines une ligne imaginaire sur la table. Une limite à ne pas franchir, pour éviter les hurlements.
Les autres, eux, leurs enfants bâtissent en équipe des cabanes ludiques dans le salon. Complices, ils y passent la journée à s’inventer des histoires. Toi, tu en construis deux. Loin, bien loin, l’une de l’autre et tu fais sûr que l’un ne puisse pas regarder l’autre.
Toi, chez toi, ce n’est pas une question de mauvaise humeur, de période ou de phase. C’est la guerre, constante et perpétuelle. Toi, chez toi, ça ne se chicane pas pour savoir qui va passer en premier, ça se bat pour ne pas être dans la même file. Tes enfants à toi, on dirait qu’ils se détestent. Ils ne veulent pas jouer ensemble. Jamais. En fait, tes enfants à toi, ils ne veulent juste pas respirer le même air.
Mais, tu sais, ils n’ont pas choisi leur famille. Ils sont juste arrivés là, par hasard, au milieu de nulle part. Ils ne savaient pas qu’un rôle précis les attendait dans ta pièce de théâtre familiale. Tu sais, ce sont des enfants, pas des acteurs. Ils sont uniques. Ils ont chacun leur identité, que tu ne pourras jamais forcer. Tu sais, c’est possible qu’ils ne s’entendent pas, que leurs personnalités ne s’accordent pas. Ce n’est ni ta faute, ni la leur. C’est pesant, décevant et, par moments, déprimant, mais c’est comme ça.
Alors, arrête de culpabiliser. Tu n’as rien manqué. Tu n’as pas échoué. Laisse aller l’utopie de ta famille parfaite et apprends-leur le respect et la tolérance au lieu d’espérer vivre cette famille fusionnelle qui te faisait envie dans tes rêves.
VANESSA LALANCETTE |
Laisser un commentaire