Ni imprévu, ni étonnant, tu savais que ça s’en venait. Tu l’as mis au monde, ce petit humain-là. Gravée dans ton cerveau, le jour de sa naissance, chaque année, cette journée pour souligner la fête de son existence.
Tu le savais que ça s’en venait. Suffisamment pour créer un tableau Pinterest, ce catalogue d’idées over likées. Suffisamment pour analyser ses goûts changeants et trouver le thème parfait. Suffisamment pour enregistrer cinquante-cinq épingles inspirantes. Cinquante-cinq morceaux de casse-tête, de ce qui, selon toi, va constituer sa fête parfaite. Des gâteaux impressionnants, ludiques et amusants, ensevelis de fondant et sincèrement beaucoup trop gros. Une synthèse de décorations sublimant à merveille ton thème, sans que ce soit quétaine, prévisible ou surfait. Et une longue série d’activités uniques et originales. Des jeux rien que pour lui et bien évidemment tout ça, est à préparer à la main. Mais tu l’aimes tellement, sûr que tu peux faire ça pour lui.
Fière, en avance, pour une fois tu auras le temps. Il aura une belle fête. Une fête grandiose, grandiose comme la petite chaleur qui t’envahit en dedans quand tu penses à lui, à combien tu l’aimes.
Tu vois déjà la scène. Tu te dis qu’il se sentira aimé et entouré. Tu te dis qu’il va adorer revoir les photos de ses anniversaires dans cinq, dix ou quinze ans. Tu te dis qu’il sera tout content, heureux et ça, cette pensée, ça te rend heureuse.
Puis les jours avancent et comme toujours tu es envahie, par la vie, par ton quotidien, par les imprévus. Et le temps commence à te glisser entre les mains. Optimiste, tu te dis que c’est faisable. Tu devrais encore avoir le temps de bricoler ce qu’il faut. Avec un peu de chance, de dénicher une folle du gâteau qui réalisera ton projet de cake excessif comme pas une. Puis, tu te coucheras bien tard la veille pour installer toutes les décorations.
Mais non. Finalement, tu manques de temps, encore et tout le temps. Ton mini-humain va avoir un gâteau assez beaucoup ordinaire, seulement quelques ballounes et tu as troqué la petite trempette thématique pour des pizzas ramassées au resto juste à côté.
Je le sais que tu es déçue de toi. Je le sais parce que moi aussi, je suis comme ça. Mais je sais aussi que ce n’est pas si grave que ça. Et ça, je le sais, parce que j’ai vu ses yeux brillants. Je l’ai vu pendant sa fête pas si grandiose que ça. Et je l’ai pris en photo, déballant son cadeau. Cadeau, que j’ai évidemment enveloppé à la hâte tout juste quelques minutes avant.
Et j’ai compris. Compris combien ce n’est pas important. Compris que mon mini-humain, se fout un peu de ma thématique Pinterest. Compris que ce que pensent mes followers Instagram des photos de l’événement, ça n’a aucune valeur. J’ai compris que ce qui est réellement important, c’est que quand, devenu grand, il regardera ces images, il va surtout remarquer les gens. Chaque année, chaque fois, les mêmes, pour l’entourer et pour l’aimer. Et au final, y’a que comme ça qu’il va se sentir aimé.
Alors, oublie ta fête Pinterest et va donc te frotter une balloune sur la tête pour la coller au plafond et rire un peu avec lui.
VANESSA LALANCETTE |
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