Je suis ta chum, ta voisine, ta cousine, ta collègue de travail, je t’ai confié que je venais de me séparer. Attention à ce que tu me dis, choisis tes mots. Tu ne sais pas à quel point ils ont le pouvoir de détruire le peu qu’il me reste.
Voici donc sept phrases à éviter.
#1 « Ah ouin ! Vous ? Mais vous aviez l’air si heureux! »
Eh oui, ma chum, je ne te dis pas toujours tout. Tu savais que ça rushait un peu, parfois, mais l’amour n’est plus, les défauts de notre couple sont devenus plus grands que les beaux yeux de mon ex qui m’ont fait craquer.
#2 « C’est définitif ? »
Oui. Si je te l’annonce que c’est fini entre moi et le papa de mon petit troupeau, c’est que c’est fini. Bien fini. Ça m’a tout pris pour faire le grand saut.
#3 « As-tu pensé aux enfants là-dedans? »
Merci de me faire prendre une autre bonne gorgée de culpabilité dans cet ouragan d’émotions. Sérieusement, qu’est-ce que t’en penses, la grande ?
#4 « Avec la garde partagée une semaine sur deux, t’es chanceuse, tu vas avoir plein de temps juste pour toi! »
Honnêtement, ma chum, j’aurais préféré avoir plus de temps avec ma petit famille nucléaire mais ça toi, tu ne peux pas comprendre. Je vais quand même essayer de te l’expliquer. T’sais là, quand tu reviens d’une mauvaise journée au boulot et que ta plus jeune te donne un bisou gratuit juste comme ça ? Ben moi, je l’ai, mais juste une semaine sur deux. Pis t’sais le backup de papa pendant le 5 à 7 familial (bain, souper, devoirs, histoires, etc.) moi, je ne l’ai plus. Pis t’sais, le silence? C’est le fun quand tu as un samedi de congé pour en profiter mais quand ça fait cinq jours de file que tu l’endures, tu capotes un peu. Des fois, j’entends des voix d’enfant dans le voisinage pis pendant vingt-deux secondes, j’ai l’impression de retrouver mon ancienne vie. Pis quand je vois les familles parfaites, là, comme toi, papa, maman pis tes petits, ça me tord dedans. J’en aurai plus jamais, moi, des portraits de même.
#5 « Ouin, tu te remets à l’entraînement, tu sors, tu vas au cinéma, tu es toujours rien que sur une patte!! »
Oui, en partie pour éviter de me retrouver seule avec mon nombril que je commence à réapprivoiser après quatre accouchements et des années avec un gars qui n’en avait plus rien à faire.
#6 « Tu as pris ta décision vite je trouve… »
Est-ce qu’il y a un délai raisonnable de réflexion quand tu ne ressens plus rien que de l’amitié, et encore, pour la personne qui partage ta vie ? Quand tu comprends que l’autre ressent la même chose ? Il faut attendre combien de temps ? Il faut mourir par en dedans pendant combien de jours/mois/années avant de prendre une décision ? Tu ne sais pas depuis combien de temps c’est fini dans mon cœur mais que ma tête refuse de l’admettre.
#7 Toutes les variantes du thème: « Déjà quelqu’un qui t’intéresse? Tu as rencontré quelqu’un d’autre? Tu acceptes déjà des invitations de gars? Tu penses à ton ex là-dedans? Tu es vite en affaire!!! »
De un, qui es-tu pour juger qui je dois ou ne dois pas fréquenter? Non mais, est-ce vraiment un crime de sortir un soir prendre un verre avec un gars, sous prétexte que je suis nouvellement célibataire? C’est un crime de vouloir un peu de plaisir malgré la tristesse qui me tourmente?
De deux, je suis loin d’être en train de flotter sur un gros nuage d’amour au pays des Calinours ou encore de m’envoyer en l’air avec tous les mâles qui s’approchent de moi. T’sais, des fois, juste sortir, voir du monde, sortir de mon cercle d’amies mamans, que j’adore mais qui pour l’instant, ne sont pas du tout sur la même longueur d’ondes que moi, ça me fait le plus grand bien.
De trois, tu n’as aucune idée du tsunami d’émotions que je ressens en même temps. Mais me faire dire que je suis belle alors que j’ai les yeux pochés/mouillés de larmes, ça fait un bien fou. Combien de temps dois-je attendre pour avoir du fun? La séparation, c’est un deuil, mais combien de temps dois-je le porter sur mes épaules avant de pouvoir revivre? Et oui, mon ex vit aussi son tsunami à sa façon. Je sais. Mais nous ne sommes plus ensemble. Et j’ai le droit de vivre au même titre qu’il peut aussi le faire.
Bref, j’ai peur mon amie. J’ai peur de bousiller mes enfants, peur de faire du mal, peur d’avoir mal, peur de l’amour. T’as même pas idée comment.
C’est de ton soutien dont j’ai besoin. Peux-tu tendre l’oreille, ouvrir ton coeur et me prêter ton épaule ?
LA P’TITE MÈRE |
Chère maman cinglante. Fascinant de te lire et de constater que ce billet fonctionne tout aussi bien dans la perspective du papa. 😉