La maternité a toujours été un beau projet que tu caressais depuis longtemps. Te voilà emballée parce que vous attendez votre premier enfant, ton chum et toi. Mais voilà, tu donnes naissance à un enfant un peu différent.
Les années filent et ton rêve de voir grandir un enfant qui rampera, puis marchera, puis courra, puis lira/écrira/dessinera/téléphonera/nagera/campera/conduira/autres activités normales s’éteint un peu. Tes tâches s’alourdissent littéralement plus il prend de l’âge. Ton enfant à toi, il a une déficience physique.
Tu n’abandonnes pas. Votre famille compte maintenant 4 membres à part entière sans compter vos acolytes quadrupèdes. Votre autre enfant est franchement génial quand il vous aide à vous occuper de son grand frère. Les années passent mais tu as ce sentiment que tu n’es plus capable d’offrir ce qu’il faut à ton grand garçon. Lentement mais sûrement, l’idée de placer ton fils se fait un chemin dans ta tête. Ton cœur, lui, n’est pas prêt à laisser partir ce bel enfant rempli d’amour qu’il est, mais tu n’es plus capable de fournir à la tâche. Ton corps a rapidement vu ses limites et ton couple aussi. Malgré le jugement des autres et les paroles blessantes que tu as reçues, les regards désapprobateurs et les leçons de vie que tes amis et ta famille se sont permis, tu as pris la décision, pour le bien-être de ton fiston et le tien, qu’il irait rejoindre une nouvelle famille capable de subvenir à ses besoins à temps partiel. Essoufflée, attristée et ton estime de maman dans les talons, tu places ton garçon.
Combien de fois t’es-tu remise en question? Et combien de fois t’a-t-il confirmé que tu avais fait le bon choix? Sa nouvelle famille, remplie de gens dans une situation semblable où des travailleurs géniaux et attentionnés leur prodiguent tous les soins nécessaires, lui offre tellement! Ton fils, tu l’as envoyé en garde partagée dans une pension avec des services adaptés, dans le fond. Un peu à l’image d’une maman séparée, tu le recevais pour de courtes périodes, des fins de semaine ou encore des soirées. Tu profitais du temps que vous aviez ensemble et, comme s’il retournait chez son autre parent, tu lui souhaitais une belle semaine, tu l’embrassais et tu le revoyais la fin de semaine suivante.
Tu l’emmènes avec toi en sortie; vous sortez chacun de votre routine pour vous retrouver pour vos petits moments bien à vous deux. À l’occasion, vous allez à l’hôtel et tu t’arraches le dos à le sortir de sa chaise. Tu t’occupes de lui de ton mieux et le soir venu, couché près de toi dans votre grand lit king, il te réchauffe comme un foyer tellement il dégage de chaleur. Il carbure au bonheur, ton fils, ça doit être ça, la source de toute cette chaleur. Parce que ton grand garçon qui a maintenant la mi-vingtaine, il est complètement épanoui. Et s’il est si stimulé, si intelligent, si drôle, si gentil, c’est grâce à toi, sa maman, qui a fait le choix déchirant de le diriger vers un chemin différent pour qu’il puisse évoluer le plus normalement possible.
À toi la maman qui a un enfant qui n’est pas comme les autres; que tu décides de le garder à la maison et de t’y consacrer ou que tu choisisses de le placer, la décision que tu prendras sera assurément la meilleure.
Fais-toi confiance, écoute ton cœur de mère.
CATHERINE I. |
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