Le jour où tu as décidé d’être mère, tu te voyais gambader dans les champs fleuris, main dans la main avec ta marmaille, vous tous avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles, sous un soleil radieux parmi les petits animaux très cutes de tes plus beaux contes de fées. Tu n’as pas décidé de fonder une famille pour vivre sous une pluie torrentielle, dans le chaos, parmi les cris et les pleurs. Aussi, parfois, tu n’en peux plus. Ensevelie sous une montagne de responsabilités, tu as juste le goût de crier. Pis pas rien qu’un peu. Tu as le goût, par moments, de crier à t’en fendre l’âme.
Pour plusieurs raisons, souvent mauvaises, tu as envie de hurler. Parce que tu es frustrée. Parce que tu as eu une mauvaise journée. Parce que rien ne marche sur le sens du monde. Ces journées-là, tu mets ton cerveau de côté, tu jettes la serviette, tu t’affaisses sur ton divan. Et tu cries en t’en arracher les poumons. Et le cœur par la même occasion.
Parce que ton petit a fait pipi (encore) dans ses bobettes. Parce que ton grand flan-mou émiette ses chips sur le divan en croisant nonchalamment ses pieds sur ta belle table propre. Parce que ta mini argumente et chigne pour tout et pour rien. Parce que tu as des enfants terribles et que ça doit forcément dire que tu es une maman terrible.
Parce que tu es tannée de boire ton café frette et de manger sur le coin du comptoir. Parce que tu as la libido rangée au 5e sous-sol. Parce que tu as passé la moitié de ta journée pognée dans le trafic. Parce que tu te démènes à la job et qu’y a personne qui s’en aperçoit.
Parce que tu es tannée de répéter la même consigne à voix douce de quarante-six façons différentes. Parce que tu as toujours souvent l’impression de tout faire toute seule dans la maison. Parce que tout leur est dû, à ces petites bêtes-là. Parce qu’un « merci » et pourquoi pas un « bravo » sembleraient si doux à tes oreilles.
Pour toutes ces raisons – et plusieurs autres – la maman que tu es, celle qui adore ses enfants plus que tout au monde, eh ben, elle perd le contrôle. Elle crie. Elle crie fort. Elle crie à en faire sursauter ses pauvres chéris. Puis elle s’en veut. Beaucoup. À chaque fois.
Puis tu te dis que tu ne le referas plus… mais…
Tu sais quoi? T’es pas une mauvaise mère parce que tu cries. Si tu cries, c’est que tu as des attentes. Et si tu te foutais de ta progéniture, de votre bien-être, tu ne pognerais pas les nerfs. Au moins, tu essaies, par tous les moyens, de te faire comprendre.
Chère maman, sache que tu n’es pas la seule. La maman qui crie sommeille en nous toutes. Tu as le droit de perdre patience, une fois de temps en temps. Parfois, tu as aussi le droit de dire à tes enfants que maman fait des erreurs et que tu fais ton gros possible dans ton travail de mère. Tu as surtout le droit de leur dire que tu les aimes et que tu vas les avertir à l’avance la prochaine fois que la soupape sera sur le point de sauter.
Parce que t’sais, la plupart du temps, c’est pas vraiment leur faute si leur maman crie.
LYSIANE BEAUBIEN |
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