Ma chère amie, je sais bien que tu as été témoin des derniers deux ans de ma vie avec bébé, mais tu ne les as pas vraiment vus. Parce que, ce que tu as vu, à travers ton écran et mes belles paroles, c’est ce que j’ai choisi de te montrer.
Tu crois que je suis une super maman, que je n’ai eu que des moments de bonheur intense et que ma vie de famille et de couple sont idylliques. Mais ce n’est que ce que j’ai voulu te laisser croire. Parce qu’en voyant toutes ces autres amies à travers mon propre écran, je ne me sentais pas à la hauteur.
La maternité c’est une montagne russe d’imprévisibilités, un chaos d’émotions aussi belles et intenses que laides et éprouvantes. C’est une perte de contrôle du quotidien, une constante nécessité d’adaptation à chaque nouvelle étape franchie. C’est un vrai défi pratiquement indescriptible.
Ma chère amie, il y a bien des journées et bien des soirées où je tenais mon minuscule bébé qui n’arrêtait pas de pleurer dans mes bras, en pleurant comme une Madeleine moi aussi. Comme une névrosée totalement dépassée. Et je ne te l’ai jamais laissé voir.
Il y a des journées qui me semblaient interminables où la solitude du congé de maternité pesait lourd. Je ne voulais pas me plaindre le ventre plein parce que j’étais si chanceuse d’avoir ce beau bébé en santé, mais la vérité, c’est que j’aurais bien pris des vacances, déjà, de la prunelle de mes yeux. Je me sentais ingrate. Et je ne te l’ai jamais laissé voir.
Ma chère amie, même si je ne parlais qu’en bien de l’allaitement, ce ne fut pas une partie de plaisir. Il y a eu des défis, mais ça, souvent, on n’en parle pas parce qu’on ne veut pas effrayer nos amies et éviter qu’elles ne tentent pas leur chance par découragement. Je me sentais isolée mais je persistais. Et pendant plusieurs mois, je me suis sentie comme un garde-manger. Juste un garde-manger. Rien de plus. Et je ne te l’ai jamais laissé voir.
Ma chère amie, si tu savais le nombre de journées où j’ai déambulé chez moi, habillée en mou, durant mon congé de maternité, tu me renierais. Je l’avoue, je me suis laissée aller. Je n’ai pas pris soin de moi. Mais je ne te l’ai jamais laissé voir.
Finalement mon amie, tu es devenue maman. Tu as toi aussi commencé à te comparer à toutes les autres à travers ton écran et tu ne t’es pas sentie à la hauteur. C’est pourquoi je t’écris cette lettre. Ce que je veux que tu en retires, c’est que derrière les apparences, il y a souvent une couche de fond de teint pour cacher des cernes qui descendent jusqu’aux genoux.
Si on montrait le vrai visage de la maternité dans sa parfaite imperfection, on se sentirait sans doute toutes plus qu’à la hauteur.
Mon amie, sache que tu es une maman exceptionnelle, même avec tes cheveux en bataille, tes vêtements de la veille avec des petits restants de régurgit et ton mascara de la semaine dernière.
SARAH PERRON |
Woooow très bien écrit! C’est tellement vrai que j’en ai les larmes aux yeux. Merciii:)
Magnifique, j’ai adoré te lire Sarah ! Mon congé tire à sa fin, Mais j’avoue avoir partagé le même sentiment que toi. Continue l’écriture car c’est un plaisir de te lire !
Très beau texte Sarah …. C’est clair comme de l’eau de roche pas facile d’être maman…. je dirais même que dans ma vie c’est la job qui a été le le plus dure à faire,,, travailleur autonome ou tout gravite autour de bébé. oufff une chance qu’ils grandissent et qu’on fini par s’en sortir de cette semblant de belle maternité.