T’as sûrement eu l’impression que t’as hiberné même si ça fait des mois que t’as pas eu une nuit de sommeil de plus de six heures consécutives. Ça y est sa mère, ton congé de maternité est fini. Done. N’a pu. Dès lundi matin, tu retournes sur le marché du travail.
Tu devrais déjà te voir courir comme une dingue pour la course lundi matin huit heures mais t’es là, en pantoufles, à travers tes six brassées de linge fripé qui devraient être pliées/rangées depuis belle lurette. Les yeux dans la graisse de bines, à penser à tout ce que t’as manqué dans la vie des p’tits parce que tout va trop vite.
C’est ce matin, en allant inscrire ton plus grand à la prématernelle, que t’as eu un coup de masse direct dans le front. Tu te demandes comment ça se fait que tu n’en as pas profité plus que ça. Tu t’étais pourtant promis de faire passer les moments avec ton bébé en premier sur toute la ligne. Mais la vie en a fait autrement. T’as eu plusieurs enfants rapidement et malheureusement, il n’y a que vingt-quatre heures dans une journée. Même si t’avais voulu ne faire que ça, passer du temps de qualité avec eux et louanger ces moments, tu n’aurais pas pu ma belle. Mais là, t’aurais envie de tous les serrer dans tes bras, que le temps s’arrête et d’être avec eux comme ça pour toujours.
T’es de nouveau assaillie par la culpabilité.
T’aurais envie de t’excuser à ton plus grand. De lui dire que tu t’en veux de l’avoir responsabilisé trop vite. Que tu as l’impression d’en avoir manqué des p’tits bouts parfois. Que t’es terriblement fière du petit bout d’homme qu’il devient. Mais tu le sais qu’il te dirait que ce n’est pas grave. Qu’il t’aime gros comme le ciel. D’essuyer tes larmes de crocodile et qu’avec un bisou, il va enlever toute la peine que tu as dans la bedaine.
Tu voudrais qu’ils comprennent tout ça, tes p’tits, pis que ça ne te le dit pas du tout de retourner travailler, mais qu’il le faut. Que tu aimerais donc ça pouvoir rester là, avec eux autres, jusqu’à ce qu’ils commencent l’école, mais que ton portefeuille lui, il ne veut pas.
T’sais demain est pas encore arrivé qu’on l’anticipe déjà. Mais on peut pas l’arrêter, ce temps-là. La roue qui tourne, c’est bien triste, mais maintenant que t’es devenue parent, t’as le pied sur le gaz plus que personne. T’as hâte à demain pour relaxer au travail, rendue au travail, t’as hâte au soir pour revoir ta famille et le soir t’as du pain sur la planche, ça roule et en l’espace d’un battement de cils, la journée est finie pis demain arrive.
Lavage, ménage, épicerie, bains, lunchs, amis, famille, travail. La santé mentale finit par battre de l’aile quand t’essaies de faire tout ce qu’il faut dans une journée.
Prends le temps de respirer maman. Prends une chose à la fois.
La vie ne va pas s’arrêter, mais au moins, tu seras aux premières loges pour assister au plus beau spectacle de ta vie.
MÉLISSA RONDEAU |
Laisser un commentaire