Mon lapin, tu sais, grand-maman me disait souvent « Fais ce que je dis, pas ce que je fais » quand j’étais plus jeune. Je me souviens, à ce moment, de n’avoir absolument rien compris du sens profond de cette phrase-là.
Je n’y ai pas trop repensé jusqu’à tout dernièrement où je me souviens t’avoir regardé du haut de tes presque quatre ans et de l’avoir pensé. Fais ce que je te dis, pas ce que je fais.
J’ai alors compris, presque vingt ans plus tard, pourquoi ta grand-maman me disait ça.
Si je t’écris ce soir, c’est pour qu’au contraire de moi, tu comprennes le sens de cette phrase, là, tout de suite. Phrase qui semble tellement anodine au premier abord, mais qui possède un grand sens, mon chaton.
Tu sais, fiston, nous les adultes, on vous donne plein de consignes, de règles, de directions ennuyeuses, j’en conviens. Mais lorsque je te dis de ne pas faire quelque chose, que je te punis ou que je te conseille, c’est par amour. De l’amour pur. Parce que je n’ai pas envie que tu souffres plus tard lorsqu’il y aura des consignes et que ce n’est pas maman qui te les donnera, mais ton employeur par exemple.
J’ai envie que tu t’imprègnes de mes bonnes valeurs, de mon amour, de mon grand coeur, de mon sens de l’humour. Mais le moins possible de mes côtés sombres. Parce qu’on en a tous, Fiston. Ces petites choses dont nous avons parfois honte, des défauts, parfois plus vivables que d’autres, des choses que, nous les adultes, nous nous efforçons de corriger, d’améliorer chaque jour.
Je veux que tu aies la sagesse de comprendre le sens de cette phrase, d’apprendre des autres, de leurs erreurs et de ne pas les répéter. Quand je me suis surprise à penser fais ce que je dis, pas ce que je fais en te regardant, toi, petit chat de presque quatre ans qui se dit être un adulde, j’ai eu peur. Peur parce que parfois tu me ressembles beaucoup sur plein de choses. Les bonnes comme les mauvaises, évidemment. Et j’aimerais t’éviter mes souffrances parce que j’ai fait à ma tête de cochon, parce que j’ai voulu aller trop vite, parce que moi aussi je croyais que j’en étais une, adulde.
C’est un peu pour toutes ces raison que, quand je te regarde aller, parfois, j’ai envie de te dire de faire ce que je te dis et pas ce que j’ai fait.
Je sais que tu tomberas toi aussi, que tu te relèveras toujours plus fort, parce que tu l’es. Mais sois sage mon lapin et ne fais pas comme ta maman qui n’écoutait pas lorsque sa mère lui disait « Fait ce que je dis, pas ce que je fais ».
Je crois que c’est tout ça que ta grand-maman voulait me dire.
Et je crois aussi qu’elle serait fière de ta maman aujourd’hui, qui a enfin compris.
MARIE-HÉLÈNE TREMBLAY |
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