Je m’excuse, mon amour, de ne pas être à la hauteur de tout l’amour que tu me portes ces temps-ci. Je m’excuse tellement, mon amour, d’avoir hâte d’aller te porter à la garderie le matin et d’avoir hâte de souffler après t’avoir mise au lit. D’avoir à peine assez d’énergie pour m’occuper de moi. De trouver ça forçant et souvent trop fatiguant de m’occuper de toi.
Je m’excuse, mon amour, d’avoir la patience à bout de nerfs, d’être sur ton dos, de pas assez souvent lâcher le morceau, de mener des combats inutiles jusqu’à ce que l’une de nous pleure. D’avoir toujours ce maudit réflexe de hausser le ton à la place d’avaler mes mots et de cracher des choses que je pense pas plutôt que de les souffler plus doucement. Je m’excuse de ne pas prendre le temps de te regarder quand tu me le demandes et d’être si peu compréhensive en te demandant trop souvent d’être plus grande que tu ne l’es déjà .
Je m’excuse, mon amour. Maman s’excuse de regretter ses paroles et ses actes plutôt que prendre le temps de réfléchir. Maman s’excuse de ne pas savourer ce temps que nous avons ensemble, de te prendre dans mes bras quand tu me le demandes au lieu de systématiquement penser que j’obéis à tes quatre volontés. De ne pas m’asseoir avec toi et jouer aux pouliches, écouter ta chanson et te dire exagérément à quel point je suis fière de toi. De ne pas lâcher mon souper pour aller voir ce que tu veux tant me montrer dans ta chambre .
Je m’excuse, mon amour. De ne pas prendre le temps d’entrevoir ton sourire quand j’entre dans une pièce, de ne pas apprécier à sa juste valeur tes mille façons de dire maman. Tes mille façons de me dire je t’aime. Tes mille façons de comprendre mieux la vie que moi. De me flatter et me dire que je suis la plus gentille des mamans quand je me donne la palme de la pire.
Je m’excuse, mon amour, des mots que je pense cent fois dans une journée mais que je ne te dis pas assez souvent. Je m’excuse que tu ne puisses pas voir à quel point mon cœur n’est grand que pour toi et comment je me mords le dedans des joues parfois de colère envers moi parce qu’encore une fois, je partage mes culottes avec la culpabilité .
Je m’excuse d’être parfois un mauvais phare, une base moins solide que celle que je voudrais pour toi. Je m’excuse de t’aimer mal, parfois. Maman essaie fort, promis, de s’aimer plus pour t’aimer mieux .
Mais pour toi, malgré ça, malgré tout, je reste la plus belle, la plus forte, celle que tu aimes le plus dans ta petite vie et rien dans tes yeux, sur ton beau visage, dans tes gestes et ta petite main dans la mienne ne laisse présager l’ampleur de la mère indigne que je crois, peut-être à tort, être trop souvent.
SARAH GIGUÈRE |
Merci pour cet art île qui tombe q pic ce dimanche…