La grossesse. Cette expérience unique, prenante, enveloppante. Ces moments magiques partagés avec ton petit grandissant en toi. Cette sensation d’être comblée et doublement vivante. Tu l’as vécue, à fond, dans toutes les fibres de ton être, cette grossesse.
Mais te souviens-tu du gars qui l’a passée juste à côté de toi? T’sais, ton chum? Lui, il ne l’a pas vécue tout à fait comme toi la mère, ta grossesse.
Mais il était là pareil, ton homme, pendant ces neuf longs mois. Pis vu de l’extérieur, une grossesse, c’est peut-être pas tout à fait la même magie. Magique quand même, mais magique différent.
Voici donc ta grossesse vue par ton chum.
Pour ton chum, tout a vraiment commencé le jour où tu t’es mise à calculer tes ovulations, à checker ta température le matin pis même à analyser le fond de tes bobettes afin de voir si tes pertes changeaient d’allure. À partir de ce jour-là, il t’a trouvée fuckingment intense. Et ce n’était que le début.
Ton chum, qui adore le sexe, a trouvé ça dur de se faire dicter à quel moment te faire l’amour ou non. En fait, ça l’a fait suer de n’avoir droit à aucune spontanéité. Le sexe, c’était rendu une vraie job pis il trippait pas pantoute. Ce qu’il ne t’a pas dit, c’est qu’il était sur le gros nerf parce qu’il avait peur que ça ne fonctionne pas. Que son machin ne soit pas assez bon pour te faire des enfants. Ça lui titillait l’orgueil.
Pis là, un beau matin, tu lui as annoncé la grande nouvelle. Le p’tit était en route. Ton chum, ça l’a viré à l’envers. Sa face de gars dépassé par les événements, ben ça allait bien avec ce qui se passait dans sa tête : le hamster virait pas mal vite. Il a pas osé te le dire, mais ce jour-là, il a commencé à être inquiet. Ton chum, il s’est demandé si tout allait être correct.
Quelques semaines plus tard, tu es passée par le bout du mal de cœur qui finit pu pis des matins la face dans le bol de toilette. Ton chum, il avait l’impression que tu étais sur un lendemain de veille constant. Même s’il comprenait que c’était pas de ta faute, il a trouvé ça pénible d’avoir tout le temps une malade à gérer. Trois mois de nausées, il a trouvé ça long. En fait, il a trouvé ça in-ter-mi-na-ble.
Ton chum, il a capoté sur l’échographie. Il voulait pas trop que ça paraisse, mais il hallucinait de voir tout ce qui se passait à l’intérieur de sa blonde. Il était impressionné, mais aussi ben émotif. Pis oui, ça lui a fait un velours quand le doc lui a annoncé que c’était un gars. Une petite fierté mal placée.
Parlons de ta prise de poids. C’est un sujet délicat, que ton chum n’a abordé que très peu – parce qu’il tenait à la vie entre autres. Il t’a trouvée belle, c’est certain. Mais la vérité, c’est qu’il t’a trouvée immense aussi. Surtout à la fin. Ton chum, il reconnaissait plus sa blonde. Pis il s’est mis à stresser. Il a eu peur que tu redeviennes pas comme avant. Mais jamais il aurait osé te le dire. Parce que juste de penser ça, il se sentait coupable. Il t’aime, t’sais.
Il y a ton humeur aussi. Eh boy. Ton chum, il a trouvé que c’était pas la bonne humeur qui t’étouffait pendant ta grossesse. T’étais soit massacrante, soit super massacrante. Mais il a appris la technique du lâcher-prise. Ça donnait rien de s’obstiner, tu avais supposément toujours raison.
Mais tes gros seins, ça ton chum, il a capoté. Il avait tout le temps hâte que t’enlèves ta brassière pour en admirer toute la splendeur.
Pis tu sais le running gag qui dit que le gars, ben il a peur de faire mal au bébé en faisant l’amour à sa blonde pendant la grossesse? Ben c’est vrai. Ton chum, il y a pensé. Il voulait pas trop te brasser. Mais sincèrement, il s’est facilement adapté aux nouvelles positions sexuelles, surtout vers la fin – faut dire qu’il était juste ben content d’avoir encore du sexe rendu à ce stade-là.
Est finalement arrivé le jour de l’accouchement. Ton chum a appris la signification du mot impuissance et l’a ressentie du plus profond de lui-même. Il est comme tombé dans le néant. Pis ton chum, il a paniqué ben raide de te voir souffrir. Il voulait juste que tu sois correcte. Pis oui, il y a pensé, à si ton vagin allait être brisé.
Pis là, il a vu son bébé. La magie, elle était là. Tu as réussi, toi, sa blonde, à lui fabriquer cet être fabuleux. Il était flabergasté. Et extrêmement reconnaissant.
Pour ton chum, ta grossesse aura parfois été un réel bonheur. Parfois, il l’aura vue comme un passage obligé. Pis d’autres fois, comme une épreuve.
Mais malgré tout, ton chum, il est fier de ce que tu as accompli pour lui.
Pis il recommencerait demain matin.
AUDREY ROY |
Oh wow, quel texte drôle et touchant! M’a fait verser une tite larme je l’admets…..maudites hormones! Tu écris super bien, j’adore!