Toi. Oui toi. Tu es forte, tu es belle et la plupart du temps tu es aussi capable de tout. Surtout dans ton rôle de mère. Tu tiens ta maisonnée à bout de bras, c’est toi la colle qui relie tout ce petit monde-là tricoté serré. C’est toi le ciment de ta famille, celle par qui l’équilibre qui y habite se maintient. Être mère t’as donné des super pouvoirs et tu est devenue invincible… ou presque.
Un beau soir, au retour du boulot – mal de tête carabiné par la surcharge de travail – tu as couru au service de garde de l’école chercher ta grande, puis à la garderie chercher le moyen et finalement chez papi et mamie chercher le bébé qui n’a pas encore de place en garderie et qui fait – encore – des dents avec tout ce que ça implique. Une fois ta tribu bien au chaud dans le cocon familial, t’as installé la grande à la table de la cuisine pour les devoirs, le moyen devant son DVD préféré pis t’as enfilé le porte-bébé pour y mettre le mini le temps de préparer ton souper. Tu coupes donc tes légumes en dansant sur place pour shaker le mini qui pleurniche, tu jettes un œil dans le salon de temps en temps pour t’assurer que le moyen respire toujours et tu fais épeler les mots de vocabulaire de la grande. Tout va pour le mieux même si ton chum est retenu au boulot. Tu n’as qu’à tenir le fort encore une heure ou deux puis il arrivera et vous finirez la routine ensemble.
C’est là qu’un incident banal arrive – du type que tu te coupes le bout du doigt en hachant tes oignons. Ton équilibre précaire prend le bord. Tu craques. Normalement, tu aurais lâché une poignée de jurons entre tes dents puis tu aurais continué la préparation du repas, mais pas aujourd’hui. De grosses larmes roulent sur tes joues sans que tu arrives à les ravaler. C’était LA goutte de trop. Tu sens que tu te fissures comme du verre puis tu éclates. C’est trop à gérer. Depuis trop longtemps. Tu sens toute la pression que tu t’es mise sur les épaules – oui fille, c’est TOI qui te l’impose cette maudite pression- depuis toutes ces années te submerger. Tu étouffes, tu ne vois plus la lumière. Alors tu t’effondres sur le plancher de ta cuisine en pressant un chiffon sur ton doigt meurtri en essayant tant bien que mal de ne pas écraser le bébé qui est dans ton dos. Et tu pleures. Tu pleures encore. Ta soupape a éclaté et rien ne peut plus arrêter le déferlement d’émotions troubles qui te traversent. Ton rôle de mère pèse tout à coup une tonne sur tes frêles épaules.
Les dernières années passées en mode survie viennent de te rattraper et tu n’arrives plus à respirer.
Tu te sens tellement indigne, tellement impuissante, tellement poche et faible. Toutes les mères passent par là. Ta grand-mère à toi en a élevé douze enfants tout en gardant sa maison propre comme un sous neuf trois-cent-soixante-cinq jours par année, même qu’elle faisait la cuisine, le budget familial et recevait la parenté régulièrement avec toujours ce même sourire accueillant sur le visage. Pourquoi toi, t’es pas capable de faire ça avec trois enfants sans sentir ta santé mentale te déserter à cause du poids de tes responsabilités?
Ta grande te regarde sans trop savoir quoi faire, ton moyen vient te faire un câlin en te demandant où est ton bobo et ton mini pleure avec toi en essuyant son petit nez plein de morve dans ton cou. Tu prends donc tes enfants contre ton cœur et les serres. Fort. Comme on applique de la pression sur une plaie ouverte pour en arrêter l’hémorragie. Tu les serres encore jusqu’à ce que tes larmes cessent enfin, ne laissant derrière elles que yeux rougis, nez qui coule et… soulagement. Tu as craqué, mais déjà, en regardant tes enfants t’entourer de tout leur amour, tu te sens plus forte encore.
Accorde-toi le droit de craquer. Ta grand-mère avec ses douze enfants a craqué plusieurs fois elle aussi, c’est juste que tu ne l’as pas vue. Alors vas-y, lâche du lousse si t’en as besoin. Tu n’en seras que meilleure au bout du compte et tu montreras à tes enfants que c’est correct de toucher le fond quelques fois, mais qu’il faut donner un bon coup de pied et battre très fort des mains et des jambes pour refaire surface avec une nouvelle énergie et un nouveau point de vue pour se permettre d’affronter la vie.
Alors vas-y, craque ma belle si tu en ressens le besoin. Ça va te faire du bien, crois-moi.
AMY BUREAU |
J’ai craqué plein de fois, je me le permet encore sans regret. Nos enfants peuvent comprendre. Nos chums aussi 😉
Tant mieux! Ça fait du bien de tout laisser sortir…. encore plus quand on se le permet sainement!
La même histoire se répète. Ma plus jeune de 18 va passer son exam de conduite…Le 3 ème fois, tu trembles dans la sale d’attente parce que t’as pas le choix… Elle coule, tu passes encore les prochaines 5 semaines à faire la psy pour lui remonter le moral ou elle passe et c’est l’euphorie, le soulagement,la joie,…jusqu »a ce que le harcèlement pour qu’elle commence à prendre TA propre voiture commence… Mais aujourd’hui:elle passe.
Pendant que tu es sur la route et que le harcèlement commence parce que ta vieille van Odyssey que t’a gardé pour elle n’est pas assez belle et suffisant; ton fils t’appelle parce que du haut de ces 20 ans et de sa nouvelle voiture usagée, il a frappé la chaîne de trottoir à cause de la première neige et qu’il a brisé sa direction. ..et toi, la sauveresse, tu lui trouve une remorqueuese et tu arrives à la maison, avec ta fille et le towing, creuvee parce que tu dois encore rentrer au travail pis il est juste 10h45. Là ton fils a besoin d’une voiture pour aller à l’école et à son travail, ta fille chiale parce que pour sa première soirée de freedom elle voulait la van que son frère doit maintenant prendre pour aller à l’école et à son travail ( quil ne peut pas manquer parce qu’il a besoin d’argent pour payer son towing et les réparations ) donc ta fille se retrouve donc le soir,avec Ton auto, pendant que tu pleures, seule, dans ton salon, en regardant ton sapin artificiel,pis ton chien,pis que tu te demandes comment tu vas te rendre à Noël. .
Ouf! Lâche pas maman! On est avec toi xxxx
Que de vérités, et qui s’appliquent de plus en plus à l’agence masculine également, avec un peu moins de pression. Je connais personnellement très bien quelqu’un qui subit cette pression régulièrement, et lui lève mon chapeau. En plus, elle est monoparentale! Alors elle est pour moi une « super woman « !!! Je ne la vois que très rarement et remarque son courage et sa détermination à chaques occasion, en me demandant souvent combien de temps elle va tenir le … fort. Je me sens impuissant à son égard et n’y peut rien, elle a choisit sa vie, et mettre au monde un quatrième enfant avec un chum qui a abandonné la course après deux ans est pour moi la goutte qui a fait deborder le vase. Alors je ne m’en mêle pas trop et offre une aide partielle aux tâches extérieures (piscine). Mon bon coeur veux bien donner plus mais a ses « limites ». Elle apprécie bien et je me sens ainsi bien dans ma peau. Bravo! pour votre texte, il me touche beaucoup et rejoints plusieurs…, femmes.
Merci! Bonne chance à votre amie. Elle a de la chance de vous avoir!
Wow… quel beau texte!! J’ai vécu à quelques reprises ces moments de « craquage », avec mes deux cocottes (dont une anxieuse avec opposition), une job temps plein, des études universitaires en même temps, un mari qui travaille souvent à l’extérieur… pour ma part, je trouve qu’elle font du bien, ces séances de larmes, il me semble qu’elles enlèvent toute la pression qui pèse sur nos épaules, pendant quelques temps… Merci!