Tu es assise sur ton divan. Tu sens une grosse boule dans ta gorge. Tu te sens seule. Tu ne sais pas quand tout cela a commencé. Quand es-tu devenue la personne la moins importante dans ta vie ?
Avant tu n’en démordais pas, ton vendredi c’était ta soirée de filles, que ce soit en solo ou entre amies. Tu sortais te changer les idées, avec un bonne bouffe au restaurant, un ciné et pourquoi pas une petite bière dans un bar ? Et te voilà, un vendredi beaucoup plus tard, toute seule à virer sans fin les postes de la télé dans l’espoir de peut-être te divertir un peu.
Ton chum est parti écouter le hockey chez ses chums avec ta petite bière du vendredi. Les enfants sont couchés. Et tu demandes quand tout a bien pu changer.
Vous en avez longuement discuté toi et ton chum. Il t’a dit de sortir, d’aller voir tes amies, de te changer les idées.
Mais te voilà encore, à ruminer cette espèce de colère, de solitude, parce que tu l’entends tout le temps, cette petite voix de la culpabilité qui te dit que les enfants ont été à la garderie toute la semaine, qu’ils se sont ennuyés et que tu t’es ennuyée aussi. Les abandonner l’espace d’une soirée ferait de toi une mère indigne, c’est certain. Ils t’en voudraient toute la fin de semaine. Peut-être même pour toujours. Ou sinon, c’est toi qui t’en voudrais.
Tu imagines la scène de ton départ, toute pomponnée alors qu’au moment où tu t’apprêterais à partir, les pleurs commenceraient.
« Je veux partir avec toi maman. »
‘ »Reste maman. »
La culpabilité.
Même si tu tenais ton bout et que tu parvenais à sortir de chez toi, tu aurais cette image, celle de ton enfant qui te regarde partir, le regard plein d’incompréhension. On va se le dire, ça pourrait te ronger toute la soirée. Alors tu préfères éviter. Tu préfères rester à la maison et ne décevoir personne.
Mais tu te déçois, toi. Et aujourd’hui, malgré toutes tes bonnes intentions, tu projettes cette colère sur ton chum. Tu lui en veux d’être capable de décrocher sans se culpabiliser, de vraiment profiter de ses soirées et de sortir beaucoup plus souvent que toi. Tu l’envies, finalement.
Parce que toi aussi, tu as besoin de temps pour toi. Du temps consacré à autre chose que le travail et la routine de la maison. Tu as besoin de relâcher la soupape, d’être une femme, une amie.
Il est le temps de considérer ta propre importance et d’écouter tes désirs.
Parce que si tu ne prends pas soin de toi, qui le fera?
JULIE APRIL |
Et bien… c’est assise sur mon sofa, lors de ma première journée en arrêt de travail, une larme qui coule sur ma joue que je te lis…
Ce texte tombe à point…
Après des mois, voir des années, à combiner le boulot, fiston et son agenda de jet set (fiston a des « défis »), les aléas de la routine quotidienne, à refuser des sorties, à rejeter des amis (j’en suis tellement désolée) que mon corps sonne la cloche…
Merci de me retourner cette question:
Quand es-tu devenue la personne la moins importante dans ta vie?
Je ne sais trop…mais j’ai maintenant, malgré moi, le temps d’y penser…