femme tresse

Ta vie de femme

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Par amour pour tes enfants, t’as fait ben des choses. Premièrement, t’as accepté de dire adieu à ta belle paire de jeans-skinny-sexy du vendredi soir.

Par amour pour tes enfants, tu t’es sacrifié le corps et pis ça, tu l’as compris au fur et à mesure où, impuissante, t’as regardé sur ton ventre tendu de future maman se dessiner à l’infini des hiéroglyphes mauve-bourgogne te rappelant le réseau routier du centre-ville de Tokyo.

Par amour pour tes enfants, tu t’es fendu le corps en deux dans la douleur immonde, les pieds dans les étriers, tes beuglements enclins à faire écailler la peinture des murs de la chambre des naissances. Et pis t’as fait ton chemin de croix, forte comme t’es, à bout de souffle dans cette attente interminable avant de rencontrer le fruit de tes entrailles.

Une fois maman, t’as aussi mis le couple de côté pour répondre pleinement aux besoins de ta maisonnée. T’avais lu qu’il ne fallait pas faire ça t’sais, comme la plupart du monde, je présume. Toi pis chéri vous vous l’étiez même promis un certain soir d’après-cours prénataux (insérer ici un rire démoniaque à souhait). T’sais quand t’as encore aucune fucking idée de ce qui s’en vient vraiment. Tu t’étais juré à toi-même de rester coquette, de ressortir ben vite tes skinny, t’sais. De ravoir des vrais vendredis soir pis toute pis toute.

C’est juste qu’un coup ben dedans, l’instinct l’a remporté sur pas mal toute pis le couple est parti faire un tour. Un tour du monde. Pis la vérité, c’est que t’as été une couple d’années à errer sur terre, dans ta vie de maman, ronde comme Fiona, la face verte d’insomnie et les cheveux comme Diane Dufresne un soir de show.

Pendant cette période de ta vie, pour laquelle tu sembles invariablement souffrir d’amnésie parce qu’il t’en manque ben des bouts t’sais, ton unique but a été de rester saine d’esprit.

Saine d’esprit lorsque, trop souvent parfumée de fragrance dernier cri du style alimentum-et-son-jet ou ben gratin-de-grumeaux, la sueur se traçait un chemin sur ton front en auto lorsque ta belle musique laissait place à des pleurs stridents de bébé qui finissaient juste pu.

Mais tout ça a pris fin aux alentours d’un beau jour où tu t’es surprise à sniffer ton parfum préféré dans une allée d’un Jean Coutu. À peu près dans les mêmes eaux où la rangée des cométiques a commencé à te faire de l’œil tout comme ton p’tit kit en dentelle noir mouru depuis un demi-siècle dans le fin fond du tiroir de ta table de chevet.

Tu venais de comprendre que par amour pour tes enfants, tu t’étais tout simplement oubliée, fille. Mais oubliée d’aplomb là. À un point tel que tu t’étais même pas laissé le droit de t’en apercevoir, t’sais.

La femme en toi venait de mettre un pied à terre. La femme, la fille, le sex-appeal pis tout ce que tu voudras ben nommer ressuscitaient d’entre les morts. Un baume puissant te chuchotant à l’oreille :

« Heille toi-chose, oui t’as le droit d’avoir du fun, OK ? T’as le droit de rentrer tard. T’as le droit de partir avec chéri ben loin des p’tits, de te pomponner comme c’est pas permis pis de te faire plaisir. »

Ça fait que cette illumination qui s’est tout de même concrétisée petit à petit dans ton cœur, t’a révélé que t’avais le droit de te retrouver en tant que femme, d’avoir des rêves, de lancer le torchon pis de dire oui à ce que toi tu aspires vraiment.

C’est un nouveau souffle qui arrive, une étape importante qui fait du bien. La chenille n’avait pas moisi dans son cocon toute ces années-là finalement, oh-non, la petite cachottière peaufinait ses couleurs et la voici, en train de se métamorphoser en le splendide papillon que tu es.

Parce que derrière chaque maman merveilleuse, se trouve une femme grandiose qui a le droit de vivre.

Stéphanie Hébert
STÉPHANIE HÉBERT
Crédit : pexels.com

Stéphanie Hébert

Femme de caractère, monoparentale et mère de deux petits monstres, je vous partage mes grandes joies et mes peines. Mon plus grand bonheur dans la vie ? Entendre le fou rire démoniaque de ma progéniture. Venez rire et pleurer avec moi au cœur de mon livre ouvert. Dans la vie, il nous est permis d'adorer ou de détester mais au final qui sommes-nous pour juger ?

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