Je voudrais te faire une confidence. Jusqu’aux dernières nouvelles, mon corps m’appartient encore.
Je sais que tu penses que maintenant que je suis enceinte, c’est pas pareil. Puisque je suis devenue le fourneau qui contient la brioche tant convoitée, tu penses peut-être que ladite brioche ne fait pas partie de moi. Que même si le fruit de mes entrailles est enfoui sous plusieurs couches de peau, de graisse, de muscles, de placenta, tu peux penser que c’est un bien public.
Ben écoute, rendu là, quand bien même je te fabriquerais un gros écriteau flash avec flèches en néons fluorescents qui clignotent, tu comprendrais pas le message. Le meilleur moyen pour que tu comprennes serait que je pose ma main sur ton bas-ventre en même temps que tu me le fais. Et là, tu comprendrais qu’une fois qu’on a bien violé ta bulle, ce n’est pas forcément évident de garder le sourire et de rester poli.
Mais je ne le ferai pas.
Non, parce que t’es ma mère, t’es ma gentille voisine d’en-face, t’es une gentille cliente à l’épicerie, t’es le sympathique conjoint de ma mère, t’es le rigolo beau-frère, t’es la bien-aimée tante de mon chum, t’es la chaleureuse serveuse au resto. Et j’aime pas créer de malaise avec les gens bien intentionnés.
Tu as hâte, comme moi, de lui voir la bette.
Alors au nom de toutes les femmes enceintes que je connais, demande-moi donc la permission avant de toucher mon ventre.
Après tout, c’est d’abord le mien.
MARIE LUNE |
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