Ça ne va pas, je le vois. Vous vous êtes encore disputés. Pis c’était pas mal plus agressif que d’habitude. Je comprends que tu aies peur. La violence n’est jamais la solution. Non, ce n’est pas de ta faute, même s’il dit que tu fais tout pour le fâcher, que tu cherches toujours à le provoquer. Je te vois, tu as tellement peur de déclencher sa frustration que tu oses à peine respirer. Je sais, je sais qu’il t’aime, enfin c’est ce qu’il dit. Il t’aime mal, ça c’est sûr. Je sais, il n’a pas toujours été comme ça. J’ose croire que c’est le cas, sinon tu serais partie depuis longtemps. Du moins je le crois.
L’autre jour, tu as pris le téléphone. Tu as composé le 911 puis tu as raccroché. Pourquoi? Je sais qu’il s’excuse, comme toujours. Pis je sais que pour un bout, ça va réellement mieux. Mais on sait toutes les deux que ce n’est qu’une question de temps avant que ça recommence. Tu ne penses pas qu’il irait plus loin? Tu m’avais dit ça aussi la dernière fois, avant que ça laisse des marques sur ton corps.
C’est le père de tes enfants pis c’est pas un mauvais père, je sais. Il ne ferait jamais de mal aux enfants, tu dis. Peut-être. Je te connais, tu es une femme forte, une femme courageuse. Pis je sais que t’as un sale caractère parfois, n’empêche.
Veux-tu m’expliquer quand tu as perdu ta flamme? Le soleil qui t’habitait s’est éteint. Tu ne sors plus, tu ne parles plus à tes amis. Arrête de craindre. Sûr que non, on ne te jugera pas. Sûr que oui, on t’aidera. Ne t’isole pas, je t’en prie. Ça va te briser.
Tu ferais tout pour tes enfants. Pis tu as une peur bleue de ce qui pourrait arriver si tu le dénonçais. Je t’entends encore le protéger, le justifier. Non, c’est pas toi la méchante qui brise ta famille. C’est lui qui n’aurait jamais dû lever la main sur toi.
Je m’excuse, je ne veux pas le condamner, mais c’est difficile de voir quelqu’un souffrir.
C’est peut-être cliché mais c’est vrai. Tu vaux mieux que ça, sors-toi de là avant qu’on te sorte sur une civière.
Les contes de fée, ça n’existe pas et ta bonne fée Marraine ne va pas débarquer et tout régler.
Aujourd’hui, prends ton destin en main. Dénonce-le.
Si tu as besoin, je te tiendrai la main.
Rends-toi au bout et prouve-toi que tu t’aimes encore. Moi, je t’aime.
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ÉMILIE VERRET |
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