Ce que je fais aujourd’hui, je n’ai aucune idée pourquoi je ne l’ai pas fait avant. Pourtant c’est sûrement il y a quelques années que tu en aurais eu le plus besoin.
Je sais qu’encore aujourd’hui, ce n’est pas toujours drôle. Y’a des choses qui restent accrochées dans ta tête encore t’sais, pis je sais qu’il y a des bouts plus tough que d’autres.
Quand j’étais jeune, tu étais mon idole. C’est pas des farces. Pour moi, il n’y avait pas plus belle, pis il n’y avait pas plus fine, pis il n’y avait pas plus drôle. Tu étais ma star de cinéma. Je voulais être comme toi. Pis t’sais, dans ma tête d’enfant, jamais je ne pouvais penser que toi, tu ne voulais même pas être toi.
Je te revois encore dans le salon, à faire des exercices au sol. Moi, j’essayais de suivre ton rythme effréné pis je trouvais ça drôle mais pour toi, c’était du sérieux. Ça te brûlait en dedans pis l’idée de ne pas bouger t’horripilait. Bien naïvement, je pensais que tu étais juste active et sportive, quand, en vérité, tu cachais quelque chose de plus. Tu te punissais à travers ça, poussant toujours plus loin ta résistance sur des jambes qui n’avaient même pas fini de grandir, sur un corps qui n’avait pas fini de se développer.
Tu disais toujours que tu n’avais pas faim, pourtant ton ventre, je l’entendais. Quand je mangeais des chips, heureuse d’en avoir plus pour moi, jamais je n’ai pensé que toi, tu t’en privais.
J’avais une vision quasi idyllique de toi alors que tu te voyais presque comme un monstre. Ton image projetée dans le miroir n’était jamais satisfaisante. Tu te cachais dans des superpositions de vêtements amples, essayant habilement de cacher ta silhouette qui s’amaigrissait de plus en plus.
Heureusement, tu as eu le signal à temps, avant d’être rendue trop loin, quand il n’y a plus vraiment de retour en arrière possible et avant que cette fichue maladie ne puisse t’enlever à la vie magnifique et remplie de projets que tu savoures chaque jour maintenant.
Je sais que ça n’a pas dû être facile. Pis t’sais, tu en as bavé une shot quand tu as décidé de te prendre en main. C’est tellement ancré dans ta tête que même tes yeux voient flou encore parfois. Mais c’est le plus gros cadeau que tu te sois fait pis ça prend un sacré courage pour traverser ça.
Je ne te l’ai jamais dit, pis je sais pas pourquoi d’ailleurs, mais maudit que je suis fière de toi.
Encore aujourd’hui, je sais que c’est quelque chose qui peut être difficile pis que parfois les vieux démons viennent te hanter.
Pis même si on ne se voit pas souvent, pis même si la vie d’adulte qu’on a aujourd’hui nous donne une perception différente, tu restes ma star de cinéma à moi.
Je t’aime.
LA COLLABORATRICE DANS L’OMBRE |
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