Mes filles, ce matin je veux vous dire que je suis fière de vous.
Il y a un an, le projet de déménager s’installait pour vrai dans ma tête et dans mon cœur. Ça a dû être la décision la plus difficile de ma vie, et la fois où je me suis sentie le plus immensément coupable dans mon rôle de maman. Malgré cela, on est allés de l’avant. On a vendu la maison et on a choisi notre nouveau nid à une heure de route d’où vous avez grandi.
J’avais imaginé que mon enthousiasme face à notre nouvelle vie serait contagieux. Pendant des mois, j’ai plutôt ressenti votre tristesse et assisté à votre long décompte des jours qui vous restaient dans l’école que vous aimiez – la seule que vous ayez jamais connue – et avec vos meilleures amies, que vous ne pourriez plus voir aussi souvent.
Vous m’avez aidée à faire les boîtes, vous êtes venues avec moi faire le ménage dans notre nouvelle demeure.
Puis le grand jour est arrivé. À huit heures du matin, le camion était là. Quelques heures plus tard, il nous abandonnait à notre nouveau chez-nous, si différent de celui qu’on venait de quitter.
On a passé l’été soudées ensemble, parce que vous n’aviez pas encore d’amies ici et que j’ai bien compris que vous aviez besoin de moi pour vous rassurer. Au fur et à mesure que septembre et son monstrueux premier jour d’école approchaient, votre appréhension grandissait et la mienne aussi, même si je la cachais derrière un enthousiasme de plus en plus simulé.
Ma belle préado, tu étais tellement préoccupée par ce que les autres allaient penser de toi, dans ta nouvelle classe où tu ne connaîtrais aucun visage.
Ma plus petite, tu étais si insécure de te retrouver dans un endroit inconnu.
Et moi, je faisais de mon mieux pour avoir l’air confiante, mais j’avais le cœur aussi serré que vous autres, mes pauvres chéries.
Ça fait maintenant deux mois que vous avez fait votre entrée dans votre nouvelle école et je veux vous dire que je suis fière de vous, mes filles.
Je suis fière du courage dont vous avez fait preuve en affrontant la peur que vous ressentiez. Vous ne m’avez pas vue, mais le premier matin d’école, je n’ai pas pu retenir mes larmes une fois que j’ai été hors de vue, après vous avoir quittées au milieu de visages inconnus. Vous aviez fait ça comme des grandes, encore bien plus que moi.
Je suis fière de la solidarité que vous avez eue l’une pour l’autre, mes filles, en acceptant toujours de jouer avec votre sœur dans la cour d’école, pour ne pas que l’autre soit toute seule, et ce, malgré votre différence d’âge.
Je suis fière de la persévérance que vous avez montrée, malgré les moments de découragement. À votre âge, ce n’est pas facile d’être patiente, car vous voulez tout, tout de suite. Vous avez appris qu’il faut parfois du temps pour s’adapter, qu’il faut aussi du temps pour développer de solides amitiés.
Je suis fière de vous, mes filles, et j’admire la résilience dont vous faites preuve, malgré la peine encore présente d’avoir quitté tout ce qui était votre vie. Vous avez compris que papa et maman ne reviendraient pas en arrière, même dans les moments difficiles où vous avez demandé de retourner à votre ancienne école. Vous êtes en train d’apprendre que parfois dans la vie, il faut accepter ce qui est.
Je suis fière de vous, mes belle filles, parce que deux mois après ce jour si effrayant de la rentrée scolaire, je constate que vous vous adaptez, petit à petit.
Vous n’imaginez pas comme je ne trouve rien de plus beau au monde que ce paquet de bicycles qui traînent devant notre entrée, et notre salon rempli de nouveaux amis venus jouer avec vous.
Je suis si fière d’être votre maman, et enfin confiante pour vrai qu’il fera bon vivre ici.
Vous êtes bien parties, mes filles.
SOPHIE PERRON |
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