Quand tu as eu un garçon comme premier enfant, tu étais contente. Un bébé en santé, c’est ce que tout le monde te souhaitait. Pis toi aussi, dans le fond, right ? Ben non. Y’est ben cute ton garçon, tu l’aimes plus que tout. Mais y’a un pénis. Pis ça tu trouves ça moins cute. Toi, dans ton petit cœur de fille, tu avais envie d’une princesse à catiner, pas d’un petit pompier qui te regarde en riant du haut de la table à langer avec son sourire fendu jusqu’aux orteils (oui oui, orteils) et que tu imagines déjà fredonnant « Pipi caca poils » ad vitam aeternam dans un futur moyennement rapproché.
Donc te v’là-tu pas super contente quand tu accouches d’une fille un gros dix-huit mois plus tard et que tout le monde te dit combien ta vie va être simple avec une fefille.
Erreur. Grave erreur.
Ta Drama Queen commencera son règne sous peu.
Profite de ses premiers mois où elle dormira vingt heures par jour. Regarde-la bien quand elle parlera aux anges dans les bras de Morphée, pendant sa première année où elle ne sera pas capable de s’adresser à personne d’autre. Parce que watch out. Le jour où elle ouvrira la bouche pour de bon et que le mode catastrophe se mettra en branle, plus rien ne sera à son épreuve. Tu apprendras bientôt qu’une fillette peut représenter l’être le plus magnifique de la planète et le diable incarné en même temps.
Parce que les filles ont cette faculté exceptionnelle d’aller chercher la note haut perchée qui te fait plisser les yeux, siler les oreilles et grincer des dents simultanément. Tu fronces les sourcils à chaque fois et tu tentes en vain de dissimuler ta tête entre tes deux épaules. C’est laid en mauzusse mais tout de même mieux qu’exécuter la manœuvre de strangulation spectaculaire que tu as vu Ronda Rousey effectuer aux derniers UFC. Et cela pour deux raisons fort simples. 1. T’es pas Ronda. 2. Tu aimes ta fille.
Que ce soit pour un bas mal enligné, une couette de cheveux qui déborde de la supertresse (que t’as pris quarante minutes à faire en imitant le vidéo sur YouTube), les toutous déplacés, la mauvaise couleur d’ustensiles (lire assiette, verre, napperon bref, n’importe quoi), tout est propice au drame. Un cataclysme de huit sur l’échelle de Richter est au menu quotidien chez une fillette. Il est aussi tout à fait normal que 95% des mots prennent régulièrement une ampleur en voyelle insoupçonnée, comme dans l’exemple suivant : « C’eeeeeeeeest paaas la booooooooooooonnnnnnnneeeeeeeeeeeee couleuuuuuuuuurrrrrr aaaaaaaaaaaaaaaaaah!!!! » Le tout articulé sur la note haut perchée mentionnée précédemment.
Mais tout cela devient très banal et vite oublié lorsque la Diva se blesse. Pendant d’interminables secondes, une catastrophe nucléaire a littéralement lieu. La planète tremble, des immeubles s’effondrent, de gigantesques cratères se forment car mademoiselle s’est pété la margoulette. Ne serait-ce qu’un tout-ti-peu-là-là. La terre arrête de tourner, tous doivent arrêter leurs insignifiantes activités pour accourir vers cette paaaauvre petite bête soudainement couverte de quelques gouttes de son sang royal.
Des crises de larmes, tu en épongeras. Chignage après chignage, tu repenseras à ta mère qui te répète encore souvent que ta sœur et toi, vous étiez pas-de-même-pantoute. Et tu souriras. En te disant que la mémoire est une faculté qui oublie, et qui fait en sorte qu’on préfère conserver les petits moments joyeux qui entourent ces crises à l’allure interminable de ta Drama Queen préférée.
LYSIANE BEAUBIEN |
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