Des bouts de nos vies n’ont pas toujours été roses ces deux dernières années. Il y a des larmes et des paroles de trop, que je t’ai parfois garrochées et toi, de la colère que je sois celle qui est partie, que tu m’as pitchée en plein front parfois.
Mais il y aura toujours ces petites frustrations qu’on range au fond de notre gorge quand on est la maman et le papa d’une petite femme comme la nôtre. Pis parce qu’on le sait tous les deux que c’est elle qui gagne la game de n’importe lequel de nos désaccords. Qu’elle sera toujours le joueur vedette de nos vies et jamais au grand jamais l’arbitre au milieu de batailles inutiles. Pis parce qu’au-delà de tout cela, on arrive à bien se parler et s’entendre. Juste pour elle. Pis parce que tu joues un des plus grand rôle dans sa vie comme papa.
Et il y aura toujours cette photo d’elle aux pommes que j’ai le goût de t’envoyer pour que tu partages ma fierté, mon plaisir de la voir devenir tellement grande en peu de temps.
Il y aura toujours ce coup de téléphone que j’ai envie de te passer quand j’aurais le goût que tu lui brasses la petite cage, quand je voudrais que toi, son papa à elle, prenne le relais quand mes yeux s’embrouillent de larmes, de colère, d’exaspération, de j’en-ai-plein-mon-truck et de mon humeur, qu’elle me renvoie en plein visage parfois.
Pis il y aura toujours cette fois où elle revient complètement brûlée de sa fin de semaine avec toi. De cette sieste qu’elle n’aura pas faite parce que je comprends tellement le peu de temps que tu as avec elle, mais que je rage parfois quand même par en-dedans car c’est pas toi qui va se taper son sale petit caractère d’enfant qui manque de sommeil le lendemain matin.
J’me mords le cœur parfois que tu sois pas avec elle quand elle fait ou dit des choses pour la première fois. Mon coeur se fend en dix de fierté mais de moitié en déception d’être la seule à être témoin de la situation. À toutes les fois qu’elle me regarde, plein sourire d’avoir réussi quelque chose, je parle automatiquement au « nous » pour qu’elle sache que ce n’est pas juste maman, mais papa aussi qui la félicite.
Je ne veux plus partager ma vie avec toi car mon cœur est ailleurs et heureux depuis maintenant deux ans et le tien aussi. Parce qu’on a chacun un bel équilibre de chaque côté de sa petite bouille. Pis maudit qu’elle gère bien ça, beaucoup mieux que bien des adultes.
Parce que notre petite fille est si menue mais tellement grande. Déjà grande de vie, de caractère. Elle sait déjà beaucoup plus que d’autres où elle s’en va. Et j’ai parfois le goût de m’attribuer plus de mérite parce qu’elle est presque toujours avec moi. Mais je le ferai pas, jamais devant elle, jamais devant personne parce que cette adorable petite frondeuse-là , c’est notre fierté à nous deux .
Parce que je voudrais tellement que tu puisses passer encore plus de temps avec elle. Que c’est parfois insatiable, cette envie au fond de mon ventre de te tomber sur la tomate quand je sais comment tu pourrais en faire plus. Mais je me console et flagelle l’adulte en moi en me disant que ce que tu fais, tu le fais bien. Parfois encore mieux que moi. Encore plus patiemment, encore plus doucement .
Parce que je suis jalouse de ton éternelle patience et je me désole de constater que la mienne est saturée depuis ma naissance.
Parce que ta voix ne monte jamais bien haut et que la mienne fend l’air trop souvent, trop fort, pour rien.
Mais parce que tout cela reste dans ma tête, dans ma tête pleine de culpabilité de maman. Parce que je suis contente de ne pas être triste lorsqu’elle tient ta grosse main pour partir la fin de semaine. Parce que je ne sens pas que je partage ma fille. Jamais. C’est tellement la tienne autant que la mienne. Pour le temps que la vie nous la confie. Jusqu’à ce qu’elle ne veuille plus tenir ta main ni la mienne.
Parce que malgré tout ce que l’on peut penser ou avoir le goût de dire, parfois gentiment ou parfois trop gratuitement, tu seras toujours celui que j’ai choisi pour être le papa de ce que j’ai de plus précieux au monde . Parce que je serais capable de me piler sur le coeur aussi souvent qu’il le faudra pour épargner son petit coeur à elle. Et je veux continuer à lire cette même chose dans tes yeux.
C’est à travers cette fierté commune et cette envie de rendre sa vie plus belle qu’on se rend compte qu’on arrive jamais à réellement se détester quand on a en commun la petite personne qu’on aime le plus au monde.
SARAH GIGUÈRE |
J’adore….Toujours de beau et bon texte à lire et ou bien souvent je me vois dans les mots !