T’as frisé la folie toute la semaine entre les déjeuners, les diners, les soupers, la job, les lunchs, les devoirs, les bains, le ménage pis tes trois brassées de lavage. Pis rien que pour mal faire, les enfants avaient pas d’allure. Ça devait être la pleine lune quelque part dans le coin de mardi pis ils s’en sont jamais remis à grands coups d’astinades pour ne pas manger encore trois bouchées, d’attitude de préado devant tes consignes, de braillage de crocodile de pettage d’orteils feints pis de crises existentielles pour des raisons qui dépassaient visiblement leur propre compréhension de leurs émotions.
Ça fait que vendredi arrive pis tout ce que t’espère, c’est le silence pis un verre de vin qui ne se pointeront pas le nez avant huit heures. En route pour la garderie, l’école pis l’épicerie, t’anticipes franchement le pire tout en te remémorant avec nostalgie les vendredis de ta jeunesse à grands coups de films quétaines dans le divan avec ta doudou en moumou pis tes soirées bien arrosées avec tes chums de filles qui finissaient à pas d’heure.
Les enfants sont à l’apogée de l’excititude. Ils courent dans tous les sens. Ils crient. Ils parlent fort. Ils se chicanent. Ils s’ennuient. Ils cherchent quoi faire et se cherchent mutuellement en attendant de trouver pendant que tu t’affaires devant tes fourneaux pour préparer quelque chose de plus fancy pour célébrer le vendredi. Pis ça fait quatre fois que t’interviens pour les séparer pendant que le fond de ton chaudron t’envoie des signaux de fumée.
Le souper se passe dans le même brouhaha que d’habitude. Tu te lèves huit fois pour servir tout le monde en te rappelant l’époque de l’esclavage avec un motton dans la gorge tout en te demandant pourquoi t’as décidé de te casser le bicycle à faire des enfants alors que ta vie était si simple jusque-là même si tu les aimes plus gros que l’univers. Tu dessers tout le monde, tu te sers le grand verre de vin que tu peux plus attendre de boire pis tu t’assois dans le salon pendant que les p’tits continuent de faire le plus de bruit possible.
Pis c’est à peu près là que ça arrive. Au moment où tu t’y attendais le moins.
Le calme tombe d’un coup raide. À un point tel que tu l’interprètes comme le présage de quelque chose de ben mauvais.
Tu ne sauras jamais si c’est la fatigue, un cadeau du ciel ou rien que les astres qui ont décidé de s’aligner d’eux-mêmes, mais ton plus vieux retontit. Sans se plaindre. Sans crier. Sans besoins. Rien que pour se coller pis respirer de l’amour maternel. Ça inspire ton plus jeune qui vous rejoint dans le même silence.
Vous restez là, tous les trois. Le temps s’arrête. Ta pression descend pis ton coeur se remplit de quelque chose de doux pis de chaud qui fait du bien en blottissant ton nez dans le cou de l’un tout en caressant les cheveux de l’autre. Pis tout d’un coup, ta maternité, que tu remettais en question à grands coups de fatigue pis de responsabilités, reprend son sens.
Trois minutes plus tard, les oreilles te sillent pis les enfants se disputent à grands coups d’épées en foam.
La vie est bien faite. Elle aime ça, t’amener jusqu’au bout du rouleau. Mais elle t’en donne toujours un nouveau pour continuer la route.
Huit heures s’en vient.
Pis le prochain moment qui te fera oublier les moins bons aussi.
Wow, j’adore te lire…Petit moment de détente de ma journée…. Entre la job, la garderie, les soupers, le gym et si le temps me le permet un programme à tivi…. lol
C’est magique, tout en ton honneur….
Merci de partager tout haut ce que le vrai monde vie tout bas…
-Une lectrice comblé !