T’sais, on te dit qu’accoucher c’est la pire douleur au monde. Que c’est ni plus ni moins que l’équivalent de se faire briser tous les os du corps en même temps. Pis dire qu’il y a des femmes qui veulent se faire subir ça à frette, encore de nos jours, alors que toute l’aide médicale est disponible pour éviter ce calvaire.
Non, pas toi, pas pour toi. Toi, t’es mindée, tu as déjà fait ta virée à la bibliothèque municipale pis tu as pris plein de livres. Tu penses que t’es prête parce que tu as lu des beaux titres. Accoucher sans modernité comme une Amish, L’auto-hypnose de l’accouchement pour les nuls ou La péridurale, l’intervention du démon. Tu me fais rire. Attends un peu.
Tu prépares ta valise pis tu y mets le kit pour gérer ton travail. Des huiles essentielles, des CD de musique relaxante, des chandelles, des huiles à massage. Tu prévois même le ballon et le banc d’accouchement. Tu. Es. Prête.
Tes proches ont beau essayer de te dire que tu ne vas pas tenir et que t’es bien folle de faire ça, mais toi, tu es décidée.
Je te conseille d’avoir un acolyte et de lui faire jurer qu’il va t’empêcher de succomber, parce que je te le garantis ma fille, tu vas vouloir choker. Ça fait mal. Comme dans vraiment-fucking-mal. Chaque fois que tu penses que la douleur est à son summum, bien non, coucou, ton gentil col te réserve encore de belles surprises.
Ultimement tu ne veux plus, tu ne peux plus. C’est là que ton acolyte est nécessaire (merci maman). C’est lui qui va te retenir, te remettre dans la face la promesse qu’il t’a faite. Tu ne vas pas l’aimer, possiblement que tu vas même lui envoyer ton plus beau doigt d’honneur (désolée maman). Il doit tenir son rôle. Je ne te conseille pas de confier ce rôle à ton partenaire de vie, il est mou et trop amouraché, il va succomber sous tes lamentations.
Enfin, tu es rendue à pousser, tu as déjà traversé le pire. Mais attends fille, tout n’est pas encore gagné.
Je ne sais pas si tu te rappelles qu’à ce stade-ci, t’es pas gelée, rien, niet, nada. Ça fait que quand la tête passe, tu la sens. Quand ça déchire, tu le sens. Tu as l’impression que ton entrejambe est en feu. Lâche pas, c’est quasiment fini. Manquent juste les épaules.
La plus grande libération, tu la ressens quand tu entends le bruit un peu visqueux d’un bébé expulsé. Ça te donne presque envie de chanter « LIBÉRÉE, DÉLIVRÉE ! ».
On te donne ton petit, s’esquisse sur ton visage une expression qui mélange le soulagement, la fatigue et l’amour.
Enfin, le calvaire est fini. Jusqu’à temps que le médecin sorte son aiguille pour te remettre ça comme une neuve.
L’après-accouchement, c’est un peu comme un lendemain de brosse. Tu ne te souviens pas de tout, y’a des parties plutôt floues pis les autres t’ont trouvée ben divertissante.
Sois fière de toi fille, d’avoir atteint ton but.
Pis si ultimement tu prends la péridurale, y’a pas de problème, ne laisse pas ça t’abattre parce que je te le dis, la maternité se déroule rarement comme tu l’avais planifiée. Pis c’est juste le début.
ÉMILIE VERRET |
J’ai 5 enfants et il y a juste le premier que j’ai eux avec l’épidural. J’en aie eux 4 à frette. Si sa serais à recommencer je ferais pareille. Même si bb4 sa a durer 36 heures, j’ai tenue le coup. Oui sa fait fucking mal, mais sa s’endur bien quand même 🙂 Félicitations à tour les mamans d’avoir donner la vie 🙂 Vous êtes forte 🙂 que vous ayez accoucher avec l’épidural, sans épidural ou par césarienne, vous êtes des super maman 🙂
Wow, j’adore tes textes Émilie ! !!
J’étais pas « mindé » comme ça pour ma première fille, mais j’avais le support d’une accompagnante ( tsé quand le mari ne veut pas que tu accouché avec une sage femme, mais que « le dit » qui travaille loin n’est pas sûr de pouvoir te supporter pendant ton 1er accouchement …) qui elle était plutôt « mindé » que je pouvais y arriver ! Ben, quand j’ai trouvé que la douleur n’était plus endurable, que je n’avais plus l’énergie de continuer, que j’avais l’impression que j’en verrai jamais le boute et que j’ai craqué en suppliant le doc (ou l’interne, ou le résident ou finalement tout le monde qui circulait dans ma chambre) de me donner la péridurale et bien on m’a répondu « Yé trop tard là » !!! Et merde ! Faque j’ai pas eu le choix de me retrousser les manches (et le col!!) et de continuer à frette pour finir la job.
Et oui, quel bonheur d’avoir ma mère près de moi pour mes 2 accouchements ! La maman (ou grand-maman en devenir ) assure tour au long du travail, elle garde son sang froid. Elle est passé par là elle aussi, elle t’a eu, toi ( et tes 2 frères ) !
Merci !