Ils poppent sur ton fil d’actualité chaque jour. Tes souvenirs Facebook.
Cette option nostalgique qui te permet de savoir ce que tu as partagé, jour après jour, pendant les à-peu-près 9 dernières années? Si tu es discrète, il se peut que tu ne ressentes pas le plaisir de zieuter ce côté mystique de ton passé. Mais si tu es comme moi et que tu es capable de gueuler ton alibi pour un meurtre au second degré tout en avouant souffrir de bipolarité depuis ce jour où tu n’as pas été sélectionnée pour le lipsynch du Club des 100 Watts via un statut Facebook éloquent, il se peut que ton index devienne blanc à force de scroller dans le but de visionner lesdits souvenirs.
Ça fait que le matin, je regarde souvent ce que j’ai bien pu partager depuis ma grossesse sur ce site qui faisait à l’époque fureur après le déclin de Do You Look Good. Et j’ai souvent honte.
Pourquoi vous ai-je informés du nombre de dents que mon rejeton avait à trente-six mois?
Pourquoi me suis-je pensée bonne d’aller prendre un bon café avec quelques copines que j’ai pris soin d’identifier pour mieux corroborer mon bonheur étalé-tout-nu-pas-de-bas d’avoir une sortie ce soir-là ?
POURQUOI, bout-de-corde, vous ai-je battu les grelots avec mes innombrables photos à des endroits plus plates qu’une conversation avec le chien de Michèle Richard, comme à la crèmerie de la Place Versailles ou dans le Jolly Jumper du cadre de porte d’un appart au coin de Sherbrooke?
Je vais vous le dire pourquoi.
Parce qu’on est pas sûre, sûre. On est une nouvelle maman, on est contente et on aime notre bébé plus que tout. Tout va bien. Mais pas tant que ça en même temps. On patauge dans le bonheur mais on a de la misère à se sortir le pif de cette eau-là. On veut se convaincre. Comme quand on rit jaune avant de descendre une glissade d’eau susceptible de provoquer un lavement intestinal si on ne croise pas les jambes comme il faut. On veut montrer que nous aussi, même si on peut se mettre une caisse de bières sur chaque sein, on peut chiller entre copines. Et parfois avec maladresse, on veut montrer aux autres qu’on a une belle vie. Souvent, on va même dire qu’on n’en avait pas avant notre enfant. Que c’était superficiel et si vide avant bébé. Ça n’a pas tout faux. Mais c’est souvent enrobé d’insécurité.
Je le sais maintenant que ce n’est que ça. Une tempête dans un tourbillon de bonheur. Que j’efface ou non, c’est mon cheminement et il me rappelle que même si ma solitude était maquillée comme une Mado au pied carré, j’étais là pour me convaincre de mon bonheur.
Et il a eu raison de moi. Je suis convaincue.
ANNIE RICHARD |
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