Grand-maman, je m’excuse. T’as toujours été là pour moi. Et je peux pas te dire que je suis ben fière moi.
Tu m’as bercée une fois pis une autre quand mes parents étaient à bout. J’ai vomi dans ton salon. J’ai vomi sur ta robe fleurie. La tête haute, t’as toujours ramassé sans rien dire. Sans grimacer. Combien d’heures as-tu passé à jouer au Monopoly avec moi ? Amènes-en des casse-têtes et des coloriages. Jamais un signe d’impatience. Tu m’as laissée manger de la crème glacée avant de me coucher des dizaines de fois. Tu me faisais des crêpes. Bien meilleures que celles de ma mère. Tu me laissais regarder la télé à en avoir mal au coeur. Tu cuisinais pour moi. Toutes les choses que j’aimais. Pis tu me faisais un gâteau au chocolat décoré avec des cerises pleines de colorant rouge.
Pis un moment donné, sans que tu l’aies vu venir, j’ai cessé de vouloir jouer au Monopoly. J’étais plus intéressée par mon deuxième voisin que par tes gâteaux. Au fond, t’étais bien contente pour moi. Je te semblais heureuse. De loin. Et tu te faisais un devoir de me glisser quelques billets dans la main à chacune de mes rares visites, question de m’aider dans mes études ou juste de me permettre une douceur qui ne venait plus de toi.
J’ai fait ma vie, Grand-maman.
Pis un jour, t’as arrêté de faire des gâteaux. T’as eu de la misère à garder ton plancher propre, toi, si fière, pis t’es partie dans un foyer. Et moi, ingrate que j’étais, j’ai continué de briller par mon absence.
La vérité, c’est que ça me fait mal de te voir.
Quand je te vois, seule, assise à regarder ta télé fermée, la petite fille de six ans en moi souffre. Quand je vois un paquet de couches pour adultes dans ta minuscule salle de bain, la fillette qui jouait au Monopoly avec toi a mal.
Tu reconnais ma voix au téléphone. Mais quand je te rends visite, parfois, je vois dans ton regard que tu ne me reconnais plus.
Malgré la douleur, je m’accroche. Parce que je t’aime et parce que c’est supposé être à mon tour d’être là pour toi.
Je vais te visiter avec les enfants. Pour que tu puisses les voir. Pour que tu puisses les connaître.
Chez toi, il y a plein de photos d’eux. J’essaie de tapisser tes murs d’amour, pour que tu saches, malgré mon absence, que j’ai bâti une famille heureuse, comme tu l’avais toujours souhaité.
Mes enfants connaissent leur arrière-grand-maman, mais la vérité, c’est qu’ils ne l’aiment pas beaucoup. C’est plate chez elle. C’est petit, pis ça sent drôle. Et en plus, elle radote, elle n’arrête pas de leur demander quel âge ils ont.
Ils préfèrent de loin leur grand-mère à la mienne. Elle, elle joue au Monopoly avec eux et les laisse toujours manger des gâteries. Et parfois, elle leur prépare un gâteau au chocolat avec des cerises pleines de colorant rouge.
Je t’aime Grand-Maman.
MAMAN NINJA |
Since I have grandchildren who do not visit me except at Christmas, this is a sad story Sorry children but you should spend time with the woman who gave you her time, played with you and gave you her love. Anyone who is so selfish as to consider their feelings first, never deserved to have a grandmother in the first place. Now when she needs you, you are not there for her. How discussing.