Qu’on se le dise, les réveils nocturnes pour prendre soin de la marmaille sont souvent quelquefois irritants. Bien que l’irritation s’enfuit plus ou moins au moment où tu aperçois leur binette à travers tes yeux enflés parce qu’il est beaucoup trop tôt et que tu t’es réveillée beaucoup trop vite, ces réveils-là ont généralement un but réel. Couche souillée, faim, soif, besoin d’amour, etc.
Il existe toutefois une autre sorte de réveil nocturne : les faux réveils. T’sais ceux qui relèvent des fausses alertes. Tu te lèves en panique parce que tu as entendu mignonne chigner et que ton corps t’a fait croire à l’état d’urgence. Wake up la mère, on est assiégés. Mais ta belle progéniture a les deux yeux grands ouverts pis le sourire remonté jusque dans le front dans son lit. Quelques sacres mentaux plus tard, tu te lèves pour aller faire chauffer son biberon après un petit détour par la salle de bain. Quand tu reviens à la chambre pour sauver ton enfant de l’état d’urgence, tu retrouves mini bien endormie. Pendant un centième de seconde, tu es totalement attendrie devant la scène et tu reviens vite à la réalité. Elle, elle dort, mais toi t’es réveillée comme une belle dinde. Too bad pour toi fille, l’insomnie t’a rattrapée.
Fait que là tu te retrouves toute seule dans ton salon, cellulaire à la main à scroller ton Facebook. Comme ça fait trois heures que tu dors, tu as un peu de rattrapage nocturne à faire sur ton fil de nouvelles. Par contre, Facebook a aussi ses limites. T’as beau actualiser ta page aux deux minutes, aucun potin de la vraie vie ne s’ajoute. Tu te mets alors à googler les pays où les fuseaux horaires indiquent que la populace est debout et te mets à chercher des pages à aimer pour avoir un flot de nouvelles en continu. Te v’là maintenant renseignée sur ce qui se passe sur la planète et pourvue de dizaines de sujets de conversation à entretenir seule au beau milieu de la nuit.
Tu ne t’endors toujours pas.
Après avoir fait le tour du monde virtuel, tu maudis ta progéniture de t’avoir plongée une nouvelle fois dans l’insomnie la plus totale. Tu regardes ton évier plein à ras bord et tu te dis que ce serait le temps idéal pour passer au travers de ta vaisselle du souper, mais tout à coup, tes yeux commencent à croûter. Parce que non, les crottes de yeux ne se forment pas instantanément au réveil. Tu le sais. Tu parles par expérience. Pas mal d’expérience.
Ça fait que tu te bottes le derrière pour aller faire la truite dans ton lit en attendant le sommeil après avoir englouti deux toasts beurre-creton.
Finalement, au petit matin, la maisonnée s’éveille. Tu resterais bien sous ta couette mais bébé te réclame à grands cris. Tu te lèves pour aller faire chauffer son biberon après un détour par la salle de bain (toujours la même).
Et c’est ce moment que ton bel et tendre amoureux choisit pour te dire que tu as une face de carême et te demander si ça va. Tu le sais qu’il ne fait pas exprès de ne pas l’entendre la nuit, il a toujours été comme ça; quand les yeux lui ferment, les oreilles lui bouchent. Alors tu te doutes bien qu’il n’a pas eu connaissance que ta nuit a été écourtée par une fausse alerte d’un bébé affamé qui s’est rendormi le temps de ton petit pipi.
Toutefois, là, à cette seconde, tu le sais que tu n’auras pas besoin de ta dose de caféine parce que son commentaire t’a réveillée et t’a crinquée dure pour les prochaines douze heures à venir.
ANNIE CHAMASS |
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