Dimanche soir, tu montes te coucher. Tu t’arrêtes pour border ta fille que tu retrouves de peine et de misère au milieu de ses deux doudous, ses quatre toutous, du Luminou et des trois Barbies que tu croyais pourtant avoir rangées deux heures plus tôt. Enfin bref. Tu prends ensuite la direction de la chambre de ton deuxième pour un dernier bisou. Tu flattes sa petite joue toute douce et ton univers bascule. Le petit est chaud.
Pas chaud-parce-que-maman-lui-a-mis-un-pyj-à-pattes-longues-parce-que-l’air-climatisé-c’est-si-froid. Non. Pas ce chaud-là. Le chaud Oh-my-god-je-peux-pas-prendre-encore-une-journée-maladie. Puisqu’il dort comme une bûche, tu te dis que mieux vaut laisser le sommeil faire son œuvre. Et quelque part en dedans de toi, il y a une petite voix qui te dit que tant que le thermomètre ne confirme pas la catastrophe, il y a encore de l’espoir.
Une fois dans ta chambre, toi et ton chum entreprenez l’usuelle guerre des réunions pour savoir qui restera à la maison le lendemain. Tu perds parce que tu as « juste » deux réunions alors qu’il en a quatre. Tu fermes la lumière et tu entreprends mentalement le combat éternel opposant la bonne maman et la bonne employée. Et tu n’aimes pas ça. Parce que dans ce temps-là, l’amour sans bornes de la bonne maman ne suffit pas à faire taire la bonne employée.
Tu te sens cheap parce que la seule chose que tu as en tête, ce n’est pas la liste des maladies qui pourraient causer cette énième fièvre depuis ton retour au travail. C’est le courriel que tu vas devoir envoyer à ta boss le lendemain matin pour lui expliquer que tu seras – encore – absente.
Tu t’en veux parce que ce qui te fait angoisser le plus, ce n’est pas la pensée d’une troisième hospitalisation pour le petit. C’est la montagne de travail qui s’accumulera pendant ta journée de « congé » et le temps supplémentaire que tu devras faire pour rattraper tout ça. D’ailleurs, tu ne sais pas comment tu vas y arriver parce que papa a une grosse semaine au boulot et c’est toi qui est sur le shift du soir à la garderie.
Tu te détestes parce que tu ne te demandes pas quelle sorte de soupe tu vas lui concocter pour qu’il se sente mieux. Tu passes plutôt en revue tes plans B, C et D si jamais la fièvre s’invite pour le reste de la semaine.
Lundi matin. Fidèle à son habitude, le petit se réveille environ dix minutes avant que le cadran sonne. De bonne humeur. Même pas chaud. La routine du matin se déroule comme si c’était n’importe quel matin mais dans le fond de ton cœur, tu as l’impression qu’un ouragan est passé juste à côté de ta maison sans faire de dommages.
La bonne employée en toi pousse un soupir de soulagement. Et la bonne maman peut reprendre sa place jusqu’à la prochaine tempête.
MARIE-ÈVE PICHÉ |
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