Depuis notre tendre enfance, on se fait répéter des faits supposément indéniables à propos de la maternité. Tant de certitudes véhiculées sur l’art d’avoir des mioches que je peux maintenant démentir de manière scientifique ou presque.
#1 L’accouchement sera le plus beau jour de ta vie !
J’espère que tu me niaises. Voir mon bébé pour la première fois sera certes le plus beau moment de ma vie mais pour l’accouchement, conte-moi pas d’histoires. Si, pour toi, pousser en jaquette bleue avec un bol en stainless à tes pieds pour recueillir le contenu de ton transit intestinal, vomir dans un haricot en métal gros comme un cendrier et accueillir les amis de ton chum avec ton sac de pisse plogué avec une sonde sont des éléments faisant partie du plus beau jour de ta vie, je te félicite sincèrement pour ton positivisme.
#2 Tu vas voir, c’est vraiment gossant la visite à la maison après l’accouchement. Tu veux juste te reposer. Va falloir le dire à tes amis.
Paaaeerrdon? Pour ma part, quand j’ai de la misère à me mouvoir à cause d’une césarienne, qu’il fait noir à 15h45, qu’on est en période glaciaire pré-apocalyptique et que j’ai le goût de pleurer juste en me trompant de piton sur le micro-onde, je feelerais pas mal pour voir mes amis retontir. Pas mal beaucoup même. Pis anyway, me reposer comment? Allaiter aux quarante-cinq minutes et rester de marbre pour ne pas réveiller celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom pendant qu’il dort au sein au point de ressembler à un modèle has been et inconnu du musée Grévin, ce n’est pas comme être en sommeil paradoxal. Tu peux venir, man. Je fais un open house.
#3 On va souvent te dire qu’avec les grands-parents, les enfants sont plus obéissants et moins tannants.
Toutefois, je ne sais pas si t’as remarqué, mais les cris pour te sommer de venir souper à ton époque se sont transformés en quelque chose d’assez souple qui ressemble plus à une trame sonore du Village de Nathalie. Avec les grands-parents, les enfants écoutent peut-être beaucoup plus mais ils mangent aussi beaucoup plus de Drumstick quinze minutes avant le souper et ils se ramassent aussi beaucoup plus au magasin de jouets, randomly, pour fêter l’halloween en novembre ou bien le carême, t’sais. Ben quoi?
#4 Tu vas voir, ça en prend deux ! Toujours bien pas pour être privé de frère/soeur!
Ah oui? Je l’aime beaucoup ma soeur, là. Mais nous représentons ensemble, à nous deux, l’équivalent de cent ans de guerres civiles et de quatre débarquements de Normandie. Ma mère est devenue arbitre dès ma naissance. Je trouve ça bien beau des frères et soeurs, mais chez les autres.
#5 Les enfants, c’est mieux de faire ça pendant que t’es encore dans les couches !
Hen? On parle de couches comme big deal ? Nous n’avons certes pas les mêmes combats. Qui est le parent pionnier qui a pensé que c’était rusé de faire des enfants rapprochés afin d’épargner du temps de changement de couches ? Je pense aux congés à prendre parce que le petit est malade, les accessoires que ça prend, les nuits écourtées… JE-M’EN-BATS-LES-OVAIRES des couches! C’est comme si on te disait que de faire un doctorat, c’est ardu parce que ça prend beaucoup de crayons à mine pour passer à travers.
Trop d’idées pré-conçues et de folklore avec la vie de parent. Il en existe un tas d’autres mais j’ai comme un blanc et au risque d’avoir l’air d’une Denis Lévesque d’un jour, j’aimerais ouvrir la discussion. C’est quoi, pour vous, le mensonge de la maternité qui vous vient en tête ?
ANNIE RICHARD |
La superbe phrase « tu vas voir, l’accouchement c’est douloureux oui, mais tu vas tout oublier dès que tu tiendras ton petit ange dans tes bras ». Heuuuuuu what?? Cette atroce douleur qui te donne l’impression que tu vas te vider sur le plancher, on parle bien de cette douleur là? C’est drôle hein, moi 2 ans après avoir expulsé mon premier bébé je frissonais encore en repensant à ces 16 heures (et il y en a pour qui c’est plus long que ça, Dieu ai votre âme) de souffrance abominable qui vous déchire les entrailles. C’est terrible de berner quelqu’un à ce point!
« Tu vas voir, quand c’est le tien, pipi, caca, morve, vomi… Ça t’écoeure pas. »
Peu importe de quel être humain ça sort, tous les éléments précédemment nommés sont overdégeulasses.
« Tu vas voir, quand c’est ton enfant, c’est pas comme ceux des autres, il ne te tombera pas sur les nerfs » Laissez-moi rire, les miennes me tapent sur les nerfs régulièrement…
Allaiter, on m’a dit que c’était le meilleur geste pour ton enfant si tu veux renforcer son système immunitaire. Je le crois. « Allaiter, c’est le meilleur rapprochement social avec ton enfant ». Je le crois. « Allaiter te fera perdre tes kilos en trop. » J’en ai eu la preuve. « Allaiter, c’est merveilleux… » Attends. Wow munute. Allaiter, quand bien même si c’était ce qui détermine la survie de l’humanité, le geste désintéressé ultime, le saint sacrifice…. ça reste de l’esclavage et un sacrifice que t’était p’t’être pas prête à vivre si on t’avais avertie avant. Tes seins vont plisser de vergetures une fois dégonflés et vont vieillir de 10 ans pour aller pointer honteusement ton nombril. Et c’est pas tout, madame je-suis-capable-d’en-prendre. Le sacro-saint aliment exclusif tu donneras à tous les 45-90 minutes. Ah, mais tu te dis: pas de problème: je peux faire ça tous les jours!… tu oublies les nuits. Quand l’idée te traversera l’esprit d’offrir ton chum en sacrifice au dieu des Enfers dans l’espoir de rétablir ton équilibre mental qui a souffert de carences prolongées en sommeil (c’est une forme de torture reconnue dans d’autres pays), tu repenseras aux tout-puissants bienfaits de l’allaitement maternel. Alors à toutes celles qui l’ont fait, pour les 6-12 mois recommandés par les infirmières (qu’on ignore si elles l’ont déjà subi elles-mêmes), je vous dit chapeau, car je sais ce que c’est… et c’est loin d’être « merrrrrveilleux »!