Aujourd’hui, tu as deux ans. J’ai envie de te voir rire. J’ai envie de pleurer. C’était hier que tu venais au monde. Dans un moment critique. Dans un état d’urgence. Parce que ton petit cœur prenait le mauvais chemin après trois heures trente-cinq minutes de poussées.
J’ai vu tout flou, le masque d’oxygène sur le visage et c’est avec le genou d’une infirmière sur le ventre pis armés d’une paire de pinces qu’ils sont venus à bout de te désincarcérer de moi.
T’es né dans la douleur. Toi, mon bébé-hurleur de 9 livres 15 onzes.
J’peux pas te cacher qu’ils t’ont amoché pis que t’as goûté au Tempra avant même que je te présente le sein. Une semaine à l’hôpital à souhaiter que ta mâchoire finisse par guérir. J’m’en suis longtemps voulu, j’aurais tellement aimé que ça se passe autrement.
La première année, on va se le dire, t’avais une drôle de tête, mon amour. Et pis les séances chez toutes sortes de spécialistes pour soigner ton petit cou ont eu raison de mon salaire de crève-faim. Ça fait que j’suis retournée travailler tôt. T’avais que six mois t’sais.
Chaque soir, je rentrais dans la cour de ta garderie, les papillons aux ventres. L’univers retrouvait une partie de son sens lorsque j’apercevais ta tête étrange. J’pense que mon cœur n’était pas prêt pour cette séparation-là t’sais.
T’avais un peu plus d’un an quand j’ai décidé de faire couper pour la première fois tes longs cheveux, j’angoissais tellement. Jusqu’à ce que le dernier coup de ciseau dévoile une nuque des plus parfaites. Au fond de moi, j’ai fait la paix avec les circonstances de ta naissance.
Tout ça pour te dire que le plus fort, c’est toi. T’es un garçon caractériel, audacieux qui sait en faire soupirer plus d’un. Tu ne lâches pas le morceau. Jamais.
Pour le moment, c’est la patience de tes parents à bout de ressources qui en souffre un tantinet mais je te promets que plus tard, cette partie de toi aura la force de soulever des montagnes si tu le veux mon fils.
Quand tu accours dans mes bras grands ouverts avec ta p’tite face de clown, si tu savais comment j’aimerais figer le temps. Parce que je passe ma vie à souhaiter que tu grandisses un peu, comme une pauvre imbécile. Parce que l’instant présent, aussi chiant et compliqué puisse-t-il parfois paraître, ne reviendra plus jamais.
Bonne fête mon grand garçon, ma raison de vivre. Que cette journée spéciale puisse inonder tout ton être d’une euphorie colorée et magique.
Maman
STÉPHANIE HÉBERT
Laisser un commentaire