Après trois deux épisodes de Pat’ Patrouille, tu te dis qu’il faudrait bien que ton p’tit fasse une activité qui va lui faire utiliser un minimum de neurones. Tu sais bien que si c’était juste de lui, tu serais condamnée à t’asseoir au sol et jouer aux courses de voitures avec les bruits simulés pis toute. Comme tu ne te sens pas vraiment d’humeur, tu optes pour une activité tranquille plus connue sous le nom de veux-tu dessiner.
Après avoir reçu une réponse positive, tu as un nouveau dilemme. Crayons de feutre ou de cire ? C’est à peu près là que tu te remémores votre dernière session d’art ou plus exactement le moment où tu as dû faire équipe avec M. Net pour te débarrasser des traces de crayon à la grandeur du salon. Disons qu’il y avait plus de couleurs sur la table, sur les mains et sur le visage de ton p’tit que sur la feuille donnée. N’écoutant que la raison, tu te tournes alors vers les crayons de cire.
Chaque moment d’art te rappelle à l’évidence. Ton p’tit, bien, y’est poche en dessin y’a d’autres forces. Pis le coloriage, c’est pas mieux. Colorier dans les lignes? Pff, trop restrictif. Les codes de couleurs? Quel code? Tous les visages des personnages sont mauves, parce-que-c’est-beau-mauve. Une belle famille qui suffoque, magnifique. Une voiture? Jaune. La maison? Jaune. Le ciel? Jaune. Ouin, parce-que-jaune-c’est-mon-préféré. Jaune, ils disent que c’est la couleur des gens heureux. Pis des cacas bruns, oh bien ça au moins, il utilise la bonne couleur.
Pourtant, on le sait, toi t’es artiste dans l’âme. Pis, t’as même tes propres livres à colorier. Ceux de mandalas si t’es fancy, ceux du Dollorama si t’es économe. Fait que là, vous partez tous les deux sur votre papier pour une grande aventure créatrice. Ton bambin à grands barbots alors que toi, tu t’appliques comme si tu participais à un concours de dessin, t’sais (n’oublie pas ta première position en 1992). Tu veux bien essayer de le motiver à faire de quoi de plus concret, mais lui, il veut rien savoir. Donc, tu te résignes à lui demander ce qu’il veux que TU dessines pendant qu’il s’affaire à une oeuvre de pointillisme, aussi connue sous le nom faire-des-petits-points-partout-sur-la-feuille.
Tout à coup, tu aperçois ton petit dans le champ gauche de ta vision périphérique et tu le rattrapes au vol avant qu’il fasse un grand trait jaune sur ton propre chef d’oeuvre. Parce que là, avec tout le temps investi, tu y tiens, à ton dessin et tu ne veux pas que ton p’tit le gâche y participe.
Ultimement, tu finis ton Masterpiece, pis ton p’tit, bah, y’a juste déballé tous les crayons avec sa bouche, pis là y’a un peu de cire dans les dents.
Tu lui demandes si vous devriez afficher ton votre dessin au mur. Tu t’exécutes, pis là t’admires la galerie.
De toute façon, ce sont juste tes dessins que t’exposes.
ÉMILIE VERRET |
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