J’te comprends, t’sais. J’étais comme toi avant. J’trippais à inviter mes chums de filles avec leurs p’tits, certaine de leur faire vivre une expérience agréable et mémorable. J’étais loin de me rendre compte qu’être invitée à souper chez les autres, quand t’as une trâlée de braillards, ça peut être aussi relaxant qu’une séance d’épilation à l’électrolyse sur fond d’heavy metal qui dure cinq heures. C’pas que j’aime pas ça, sortir. C’est que sortir avec ma progéniture, ça donne une toute nouvelle dimension à l’expérience sociale. Ça multiplie les risques de façon exponentielle et diminue les opportunités de façon spectaculaire. Malgré que tu mourais d’envie de sortir quand t’as reçu l’invitation, quand tu reviens chez toi, t’es pas heureuse-d’avoir-échangé-les-dernières-mondanités-vaguement-pompette-sexy-et-huppée, t’es brûlée à mort d’avoir gérer des monstres avides de nouveautés pendant un interminable cinq heures pis ça te fait regretter ta vie d’avant.
Fait que si rendu à ce point, t’as encore envie d’inviter les parents de familles nombreuses à partager un repas chaud avec toi, voici les cinq règles à suivre pour rendre l’expérience un minimum agréable pour les parents pis les braillards.
#1 C’est pas le temps de challenger Ricardo pis Martin Picard
Oublie les innovations culinaires pis redécouvre les valeurs sûres de l’enfance. C’est sûr que toi, quand tu reçois, t’aimes ça challenger Ricardo pis Martin Picard pis faire des plats qui ont une liste d’ingrédients étrangers plus longue que celle des interdits alimentaires scolaires. Tu trippes sur les menus novateurs et audacieux, genre les roulés d’œufs de méduse en feuille de soya, émulsion de radis japonais pis t’as pas peur de passer six heures dans ta cuisine pour en mettre plein la vue à tes hôtes.
Y’a juste un hic. Les invités de moins de treize ans, ça aime le pain, les pâtes – des fois avec du fromage s’ils sont vraiment audacieux – pis le dessert. Ça fait que tout plat à plus de trois ingrédients place instantanément le parent en situation d’échec pis l’oblige à se confondre en excuses non-mais-c’est-pas-toi-y-mange-jamais-rien-c’t’un-capricieux, ce qui peut induire pas mal de stress dans un moment qui s’annonce déjà passablement mouvementé.
Ça fait que garde le menu aussi simple que celui d’un étudiant de cégep en fin de mois ou prévois minimalement des sandwiches au beurre de peanut pis des crottes au fromage pour les kids, histoire que les parents aient pas l’air trop poches.
#2 Mange pas à l’heure des français
Tu trouves peut-être ça ben tendance de prendre l’apéro à l’heure des nouvelles pis d’enchaîner sur le premier de tes six plats quand le soleil-se-couche mais les braillards c’est ben routinier pis ça mange à l’heure des poules. Si tu penses à un apéro, fais ça à quatre heures. Maximum. Enchaîne sans attendre sur un plat pis attends pas que ça soit fini pour garrocher le dessert sur la table. L’ensemble de la routine doit tenir en maximum quarante-cinq minutes. Je l’sais, c’est ben plate, mais bedon plein à l’heure des nouvelles = pas de hurlements rebelles. C’est ta nouvelle maxime.
#3 Arrange-toi pour que ton repas soit prêt d’avance
Je l’sais, ça te fait déjà pomper parce que ça exclut de ton menu tous les items sophistiqués comme les espumats, les soufflés, les pétoncles poêlés à l’unilatérale pis ça t’oblige à décanter ton vin à des heures pas possible. Mais je te dis ça comme ça, tu vas le regretter rare si #2 décide qu’il a faim pis commence la danse du bacon dans ta cuisine quand t’as même pas commencé à éplucher tes asperges pis tu vas vouloir mourir là quand #1 et #3 vont s’ajouter au spectacle. Ça va finir en souper-dans-la-corbeille-à-pain pis ça va ajouter au malaise du parent qui va devoir t’assurer-que-c’est-sa-faute-s’ils-ont-rien-mangé-à-la-collation quand c’est même pas vrai pis que les marmots ont engouffré six barres tendres chacun. Fait que, tiens-toi le pour dit, l’ensemble du menu doit être prêt quand le doigt du parent bienveillant presse la sonnette ou tu vas être dans la schnoutte.
#4 Cache les objets dangereux, pis non, cache tous les objets visibles
Ça inclut les bibelots (qui se cassent ou non), le bac de mini Legos qui s’avalent comme des bonbons, les jouets du chiens (ok c’est pas dangereux mais c’est pas chic quand #3 se promène avec un os en babiche dans’yeule) pis les allumettes pour allumer le feu de foyer/allumer ton nouveau foyer. Oublie pas que chaque détail de ta maison est vu comme une nouvelle bebelle d’un incommensurable intérêt pour les kids pis un objet de désespoir potentiel pour le parent. C’est peut-être pas un danger mortel mais dis-toi bien que le joyeux parent va devoir retirer chacun des objets potentiellement manipulables par un toddler sous peine de retrouver tes murs redécorés par un artiste de la relève, ta toilette bouchée par un futur ingénieur ou ton chien avec une nouvelle coupe design, pis ça, c’est fatiguant en maudit. Faite que si tu veux que ledit parent puisse prendre un p’tit-break le temps de siroter son verre de vin assis sur le divan, fais pas confiance aux enfants pis cache tout ce que tu peux.
#5 Aie du fun
On va se l’dire d’avance, ta soirée va être mouvementée. Elle va fort probablement être ben différente de tout ce que tu avais pensé même si t’es le champion des scénarios. Mais avec un peu de préparation, les kids vont manger l’équivalent de leur poids en Goldfish pis en spaghetti pendant que leurs parents reconnaissants vont faire semblant d’avoir une vie sociale pendant une heure, tu vas avoir droit à des p’tites faces cutes pis à de belles anecdotes, comme la fois où la gang a crié ENCOREEEE jusqu’à avoir le ventre rempli à péter de ta meilleure recette de crêpes.
Ça fait que relax, suis les cinq règles à la lettre, prends-toi un gros verre de vin (ah, pis vas-y donc avec la bouteille), laisse ton sourire du dimanche se faire aller pendant une couple d’heures sur ta face pis j’te promets que t’auras des parents qui t’en seront reconnaissants jusqu’à la fin de leurs jours pis qu’y vont avoir adoré leur soirée au moins autant que leurs enfants.
MAMAN AU CUBE
Parfait !! ?